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Sur
le bord de la route, les visages sont magnifiques. Tant d'enfants à la recherche
d'une silhouette connue, tant de petits mots écrits à la main, tant
d'encouragements simples et sincères. Nous n'oublierons pas cette chanson
entonnée par quelques filles à la sortie du Bois de Vincennes : « Allez, allez,
allez, vous êtes marathoniens ! »
A Paris, le 07 avril 2013, 40 000 coureurs de tous
âges, tous niveaux et toutes nationalités se sont réunis pour aller au bout
d'eux-mêmes. Peut-on imaginer moment de sport plus abouti ? Il suffisait de voir
les visages remontant l'avenue Foch avant de passer sous la banderole d'arrivée
pour se convaincre de la beauté du moment. Oui, nous sommes tous des
marathoniens !
L'avenue
est longue. Tout sauf une promenade. Pourtant, au bout de l'effort, les
marathoniens prennent le temps de réciter leurs dernières foulées et de les
mettre en scène. Pour beaucoup, la dernière ligne droite sur l'avenue Foch est
l'aboutissement d'un rêve si particulier, si ténu, si précieux, si intime, qu'il
ne faut rien précipiter.
Tout se mélange. Un vrai délire sensoriel. Des
années d'entraînement souvent pour toucher au but. En finir avec un marathon,
pour la première ou la centième fois, constitue toujours un moment à part. Qui
peut le faire ? Moi, je peux, semble scander chaque visage. Moi, aujourd'hui, je
l'ai fait, j'ai couru 42,195km, j'ai tout donné, j'ai été au bout de
moi-même?
Arrêtons-nous sous la banderole. Les corps passent. Quelques
uns d'abord. Comme au compte goutte. Puis de plus en plus nombreux. Bras levés,
pieds de plombs, tête qui tourne, estomac en capilotade et sourires gaillards
aux lèvres : le Marathon de Paris s'achève (presque) toujours dans l'euphorie,
dans la satisfaction de l'effort accompli.
Et parfois pourtant, les corps
s'écroulent. Fatigue ? Pas seulement. Il faut voir et entendre les sanglots de
celles et ceux qui se laissent submerger par l'émotion pour mieux saisir
l'importance de l'instant. Etre marathonien change une vie. Celles et ceux qui
passent sous la banderole ne seront plus jamais les mêmes. Ils sont marathoniens
!
A ce moment, et pour la première fois depuis une petite éternité, les
coureurs entrent à nouveau en contact avec une autre réalité. Ils ne sont plus
seuls. Ils n'ont plus rien à réciter. Ils n'ont plus de temps de passage en
tête. Ils marchent.
Et on s'occupe d'eux. Les bénévoles du Marathon de
Paris entrent en action. Ils veillent, cajolent, soulagent, entourent d'attention. L'heure n'est plus à l'effort mais au réconfort. L'instant de la
remise de la médaille est toujours symbolique. Cet instant-là vaut-il les mois
de préparation, de petits sacrifices et de constante remise en question ? Il les
vaut !
Regardons les visages. Brouillés, comme ailleurs, et pourtant si
intensément présents. La médaille du Marathon de Paris 2013 frôle des dizaines
de milliers de poitrines. Encore quelques mètres avant la foule : parents, amis
et anonymes venus féliciter les corps. « Alors c'était comment ? »,
soupçonne-t-on sur les lèvres. A chacun sa réponse, à chacun ses réponses. Il
faut du temps pour sortir d'un marathon. Car, finalement, comment raconter un si
grand voyage ?
Yves Bussod
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