|
||||
La marcheuse alsacienne Sylvie Maison – ici avec son fils Mathias – a fait abstraction de la souffrance pour réussir son pari fou. Photo DNA – Nicolas Pinot
La marcheuse alsacienne Sylvie Maison – ici avec son fils Mathias – a fait abstraction de la souffrance pour réussir son pari fou. Photo DNA – Nicolas Pinot
Freinée par la fatigue et quelques grosses ampoules, Sylvie Maison n’en a pas moins bouclé, hier à 19h30, la « François 1er », cette exigeante épreuve féminine reliant Vitry-le-François à Colmar. La marcheuse alsacienne s’est adjugé la sixième place, avalant les 307,5 km du parcours en 43h51’01. Une performance hors normes.
Régis Thibault, le secrétaire de la commission régionale de marche, avait résumé les choses à sa façon, vendredi à l’approche des Vosges : « Sincèrement, je défie quiconque d’imiter Sylvie Maison ! »
On peine à s’en rendre compte, tant la discipline est peu connue du grand public, mais ce que vient de réaliser la marcheuse alsacienne (39 ans) dépasse, à plus d’un titre, l’entendement.
Sept ans après sa dernière apparition sur le Paris-Colmar (elle l’a couru en 2005 et 2006), l’habitante de Lipsheim s’est infligé, par pure passion, 43 heures, 51 minutes et 1 seconde de souffrance.
Sa sixième place sur la « François 1er » (307,5 kilomètres) ne lui rapportera rien, hormis les félicitations de son entourage. Mais c’est justement l’image de son compagnon, Christian, et de ses deux enfants, Mathias (4 ans) et Zoé (3 ans), qui lui a donné la force d’avancer, sans jamais céder au renoncement, vers la place Rapp de Colmar, où l’attendait sa petite famille.
À 19h30, hier, Sylvie Maison n’avait d’yeux que pour eux. «Je savais qu’ils m’attendraient à Colmar et dans les moments difficiles, j’y ai pensé. Je suis très contente de les revoir», raconte, émue, la licenciée du Strasbourg Agglomération Athlétisme. «À l’approche de l’arrivée, on ressent une certaine euphorie et le temps passe vite.»
Oubliées, les quelques grosses ampoules qui l’ont obligée à consulter à deux reprises les podologues présents sur le circuit. Évacuées, toutes ces douleurs qui, conjuguées à la fatigue, renforcent cette « impression qu’on n’en verra jamais le bout ».
Aux archives, cette fin d’étape interminable, dans la nuit noire de la campagne vosgienne, ce samedi entre 1h et 2h du matin. Sylvie Maison n’a plus envie que d’en sourire. « Je me suis tout de même demandé si j’arriverais un jour à Vittel ! »
Jean-Marie Rouault, premier vainqueur français depuis 20 ans !
La prouesse de la sympathique mère de famille se mesure à l’aune des multiples abandons, arrêts sur décisions médicales et arrivées hors délais qui ont frappé ce 65e Paris – Colmar (12 hommes et 3 femmes au total).
À l’instar de l’Alsacienne, Jean-Marie Rouault (49 ans, Omnisports Pithiviers) avait en lui cette indicible foi, cette conviction qu’il pourrait devenir, vingt ans après Noël Dufay – vainqueur en 1993 –, le premier Français à caresser le trophée. « Je suis meurtri, j’ai mal partout, au dos, aux épaules, mais il n’y a pas de hasard. Je suis resté concentré, notamment sous la pluie à Vitry-le-François », confie le lauréat, qui a bouclé les 435,7 km du parcours masculin en 54h10’59.
Le marcheur du Loiret, qui se vante de posséder des posters d’Alain Mimoun et Roger Quemener – deux légendes de l’athlétisme français –, n’a pas oublié les quelques déboires qui l’ont conduit à repousser jusqu’à hier l’heure de la consécration. « En 2012, j’étais malade et j’ai dû jeter l’éponge après 200 km. Cette victoire, ça fait cinq ans que je m’y prépare. L’expérience a compté. »
« L’avantage de ne pas être premier… »
Du vécu, le triple tenant du titre, Dimitriy Ossipov (47 ans) en avait à revendre. Mais le Russe, deuxième en 54h59’00, est tombé sur un peu plus fort que lui.
« J’ai connu des hauts et des bas, souligne-t-il. Il a fallu composer avec tous les temps : le froid, la pluie, la chaleur… Jean-Marie a beaucoup travaillé pour réussir ce qu’il a fait. Il mérite largement de gagner. »
Et de préciser : « Si mon physique et mes finances me le permettent, je reviendrai en 2014. »
« L’avantage de ne pas être premier, c’est que l’on peut toujours progresser, relativise pour sa part Dominique Bunel (45 ans, Neuilly-sur-Marne), troisième en 55h16’09. Mais terminer sur le podium, dans des conditions comme celles-là, c’est déjà une grande victoire… »
À chacun son défi. Irina Poutinseva (44 ans, Saint-Pétersbourg) a relevé le sien avec brio, en s’adjugeant l’épreuve féminine (40h28’42), loin, très loin devant Sylvie Maison.
Cela dit, l’Alsacienne est bien placée pour en témoigner : lorsque l’on repousse ses limites jusqu’à l’épuisement, une simple sixième place vaut parfois tout l’or du monde…
24/11 | > | ||
22/11 | > | ||
21/11 | > | ||
18/11 | > | ||
16/11 | > | ||
15/11 | > | ||
13/11 | > | ||
11/11 | > | ||
09/11 | > | ||
01/11 | > | ||
29/10 | > | ||
28/10 | > | ||
26/10 | > | ||
23/10 | > | ||
21/10 | > | ||
21/10 | > | ||
20/10 | > | ||
17/10 | > | ||
16/10 | > | ||
16/10 | > |