Après le 65ème Paris – Colmar à la marche...
Source DNA du 17/06/2013
À l’année prochaine…
On ne reverra pas Sylvie Maison en compétition avant… la prochaine édition du Paris – Colmar, en 2014. «Je ne sacrifie pas ma famille pour le sport», martèle la marcheuse alsacienne, héroïque de jeudi à samedi, sur les 307,5 kilomètres du parcours féminin.
Pour la première fois de sa vie, Sylvie Maison (39 ans) a dû satisfaire à un contrôle antidopage, samedi soir, une petite demi-heure après avoir franchi, en compagnie de son fils Mathias, la ligne d’arrivée de la « François 1er », l’épreuve féminine du Paris – Colmar.
Les pieds endoloris après 307,5 kilomètres au pas de charge, la marcheuse alsacienne (6e au classement général) s’est dirigée, un peu plus tard, vers un restaurant colmarien, où devait a priori la rejoindre la Montpelliéraine Dominique Alvernhe, victorieuse en 2012 et contrainte à l’abandon cette année.
« Elle était mon équipière en 2006, j’étais la sienne en 2007, mais on n’avait jamais pris le départ chacune de notre côté, sourit l’habitante de Lipsheim. Du coup, on s’était promis qu’on irait manger ensemble à l’issue du parcours.»
Tous dans la même galère.
Des anecdotes comme celle-ci, Sylvie Maison pourrait en raconter des dizaines. À l’entendre, la rivalité entre concurrents n’est pas suffisamment exacerbée pour qu’ils en oublient qu’ils sont « tous » embarqués « dans la même galère ».
« Il existe une très grande solidarité entre nous, souligne la Limousine d’origine. Il arrive que les accompagnateurs d’un marcheur se perdent en camping-car. Systématiquement, ceux qui sont derrière leur indiquent qu’ils se sont trompés de chemin. Il existe beaucoup d’exemples de ce type. Lorsque l’on a un gyrophare en trop, on le donne à une autre équipe. Quant à ceux qui sont arrêtés médicalement, ils encouragent systématiquement les athlètes encore sur la route. »
L’Alsacienne a beau afficher deux participations à son actif (2005, 2006), elle confie n’avoir « jamais vu », dans toute son existence, « un circuit aussi difficile » que celui qu’elle a dû affronter lors de la semaine écoulée. « C’est extrêmement vallonné, des côtes très raides se succèdent sans arrêt. On va vraiment au-delà de nos limites… J’ai souffert de grosses ampoules, au talon et à l’orteil, et j’ai dû être soignée deux fois. Dans ces moments-là, on a juste à appeler les podologues et ils arrivent avec leurs petites voitures… »
Je crois que je ne vais pas m’entraîner avant un moment.
Si elle devait ne retenir qu’une séquence, au chapitre des instants les plus douloureux, Sylvie Maison choisirait sans aucun doute ces quelques heures à rallonge qui ont ponctué, dans la nuit de vendredi à samedi, la longue étape Vitry-le-François – Vittel.
« Il faisait tellement noir que j’avais une mauvaise appréciation des distances, rapporte la mère de famille. Il n’y avait pas de petits villages, pas de lumière… J’avais l’impression d’avancer mais en fait, ce n’était pas vraiment le cas. Il devait être 2h moins le quart, j’avais déjà fait une nuit blanche la veille et je marchais à 6 km/h. J’avais vraiment envie de me coucher… »
Quatre heures de sommeil – dans son camping-car – plus tard, la licenciée du Strasbourg Agglomération Athlétisme (S2A) remettait le couvert, sur une dernière portion plus courte (67 km) mais diablement éprouvante, entre Plainfaing et Colmar.
Elle avait, à l’arrivée, une pensée pour celles et ceux qui avaient dû renoncer à terminer l’épreuve. « On n’abandonne pas parce qu’on en a marre. Parfois, les douleurs physiques deviennent simplement insupportables… »
Malgré la fatigue, Sylvie Maison, elle, possédait encore quelques ressources, avant-hier, pour profiter d’une bonne table en compagnie de sa famille et de ses proches. Faire la fête ? Non, il ne faut pas exagérer…
« Je crois que je ne vais pas m’entraîner avant un moment », sourit la guerrière, que l’on ne recroisera pas en compétition avant… le prochain Paris – Colmar, en 2014. « Je ne sacrifie pas ma famille pour le sport », précise-t-elle, gentiment mais fermement.
À l’année prochaine, donc, pour une nouvelle aventure hors du commun.