Source journal DNA du 11/07/2013
Avant les championnats de France Élite à Paris
Juste une dernière danse
Camille Simon (S2A/IBAL) disputera très vraisemblablement, samedi à Paris (17h), ses derniers championnats de France Élite. Très prise professionnellement, la perchiste strasbourgeoise va mettre l’athlétisme entre parenthèses.
Prendre du « plaisir » et « savourer le moment » : Camille Simon (27 ans) ne voit pas d’autre mot d’ordre, à deux jours de sa dernière compétition au plus haut niveau national. Selon toute probabilité, la native de Strasbourg – licenciée au S2A – ne disputera plus jamais de championnats de France Élite, après ceux de Paris, samedi à 17h.
De toute façon, ce n’est pas demain que je vais battre le record du monde
«Je suis ingénieur dans le bâtiment, formatrice pour plusieurs organismes et j’ai même lancé ma boîte dans le domaine des énergies renouvelables, raconte la perchiste. Quand je pars m’entraîner, du lundi au vendredi de 17h30 à 20h, je me rends compte que je n’ai rien fini au niveau du boulot. Je suis donc obligée de retravailler le soir, une fois que ma séance est terminée.»
Et de préciser : « Cette vie me plaît beaucoup, mais c’est une vraie galère. En termes de récupération, c’est très compliqué. »
Arrivée à une période charnière de son existence, la jeune femme a naturellement décidé de privilégier sa vie professionnelle. À partir de la semaine prochaine, l’athlétisme ne sera plus considéré comme une activité sérieuse.
« De toute façon, ce n’est pas demain que je vais battre le record du monde, sourit Camille Simon. Je me suis toujours entraînée dans l’optique de réaliser de grosses performances. Je me suis donné ma chance et j’en suis très heureuse. Mais dans ce sport, même les salaires des pros sont ridicules et la moindre blessure remet tout en question. Si j’avais attendu d’avoir 30 ans avant d’exercer un métier, mon quotidien n’aurait pas été très palpitant. »
Paradoxalement, l’Alsacienne reste persuadée qu’elle aurait pu mener une carrière plus brillante encore, si elle ne s’était consacrée qu’à la perche. Son meilleur souvenir, dit-elle, remonte à… 2004. « C’est l’année où je me révèle, en décrochant une septième place aux Mondiaux juniors (à Grosseto en Italie, ndlr). »
Le 11 juin 2006, à Obernai, elle franchit une barre à 4,25 m. Un record personnel qu’elle n’améliorera plus. « J’avais sans doute la capacité d’atteindre le très haut niveau, mais j’ai fait un autre choix de vie », confie-t-elle.
Son coach, Henrique Guerra, est aussi son compagnon. Ensemble, ils viennent d’ouvrir un gîte à Geispolsheim. « Une petite page se tourne, lâche le technicien. C’est la fin d’un cycle. »
Camille Simon (1,70 m, 58 kg) ne termine pas pour autant sa carrière en roue libre. « Je me suis préparée très rigoureusement cette saison. D’ailleurs, je le sens, je suis en super forme. Il y a deux semaines, j’ai battu mon record en développé couché : j’ai soulevé 70 kg ! »
Qualifiée pour les championnats de France Élite grâce à un bond à 4,01 m – réussi le 30 juin à Montbéliard –, la perchiste strasbourgeoise est-elle en mesure de créer la sensation, samedi au stade Charléty ?
Si l’on se fie aux bilans de ses concurrentes, cela semble difficile. Neuf filles ont sauté plus haut que Camille Simon cette année. « Je ferai au mieux », insiste-t-elle, déjà contente de se joindre à la fête une ultime fois, avant de tirer un trait sur 17 ans de pratique assidue.
La suite ? « Sportivement, c’est un peu flou. Ce sera dur de passer à autre chose. Je m’imagine bien jouer un peu au volley et faire de la compétition, de manière plus détendue, une fois par semaine. Il faut que je continue à me dépenser, sinon je vais devenir grosse et moche ! (rires) »