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Une salle d’ici 2 ans ?
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1 Décembre 2013 - ibal
Une salle d’ici 2 ans ?
Entretien accordé aux DNA du 30/11/2013

Bernard Amsalem et Ghani Yalouz
... un tandem indissociable


Ils ont relancé l’athlétisme français. Ils travaillent en osmose, au point que Ghani Yalouz passera à autre chose en 2016 lorsque Bernard Amsalem rendra son tablier. D’ici là, en pensant à leurs successeurs, ils comptent entretenir la dynamique actuelle.

Solidaire de la Ligue d’Alsace dans sa quête de stade couvert (lire ci-dessous), Bernard Amsalem est désormais un habitué. Pour Ghani Yalouz en revanche, à l’occasion de ce G5 réunissant les bureaux des fédérations française, allemande, britannique, italienne et espagnole, il s’agit d’une première sur le sol alsacien. En tant que directeur technique national de l’athlétisme s’entend. Car dans sa vie de lutteur… « L’Alsace, Schiltigheim, ça me parle. J’en profite pour saluer chaleureusement Yvon Riemer. »

«Je suis pour la culture du dépassement de soi. Et ça donne des choses formidables»

Pour le président de la Fédération, « venir à Strasbourg, ville frontalière, européenne, facile d’accès, s’imposait ». D’autant plus qu’avec Jean-Marie Bellicini, Pierre Weiss, Doris et Alain Spira, l’Alsace est la mieux représentée au sein du bureau. « Quand on construit une équipe, on cherche des compétences », justifie Bernard Amsalem, avec une mention spéciale pour Pierrot Weiss. «Il nous est très précieux avec son réseau, sa reconnaissance internationale.»

Au passage, il dépeint sa vision de l’athlétisme alsacien. «Solide, bien structuré, qui s’appuie toujours sur de bons clubs, de bons coaches techniques, un très bon CREPS. Et puis, l’Alsace, c’est Heinrich, Baala, des athlètes d’exception, Skotnik, Distel, Compaoré aujourd’hui.»

Des échanges qui tirent vers le haut

Bernard Amsalem évoque aussi le bien fondé du G5. « Nous avons des problèmes communs, nous essayons d’y apporter des réponses. Les échanges sont toujours fructueux. L’Allemagne, par exemple, envie nos actions en matière d’athlé-santé, d’athlé-loisir. »

À l’inverse, la France lorgne outre-Rhin sur le plan de la performance, notamment dans les lancers. «Nous allons organiser des stages communs, enrichissants tant pour les lanceurs que les entraîneurs.»

« Il est important de voir comment les autres fonctionnent, poursuit le président. Ainsi, en matière de gouvernance, la gestion de nos fédérations est étatique, comparée à la Grande-Bretagne par exemple, où elle est plus libérale. Je ne dis pas que c’est mieux ou moins bien. Mais les Britanniques sont plus pragmatiques, recherchent plus le résultat. Tous ces échanges nous permettent tous de nous tirer vers le haut.»


Ils auront aussi été l’occasion de faire un point avec ce duo qui forme un tandem gagnant depuis que le premier, le président, a « cassé les codes », selon leurs propres termes, en allant recruter le second dans le milieu de la lutte en 2008.

L’effet Barcelone 2010

«Après Sydney ( en 2000, NDLR ), personne ne voulait prendre la présidence de la FFA, rappelle Amsalem. Pour moi, c’était un super challenge. Il fallait s’ouvrir, aller vers l’athlé santé, le loisir. Il fallait tout réformer, relancer la dynamique. Elle s’est accélérée avec Ghani.»

«Nous sortons de notre meilleure olympiade de l’histoire », enchaîne ce dernier en avançant quelques explications, outre « l’audace» du président. «Nous travaillons en étroite collaboration, sans dissocier le politique et le technique, avec des objectifs partagés : faire réussir l’équipe de France et toutes les actions de développement. »

Dans leur trajectoire, il y aura eu un avant et un après championnats d’Europe 2010 à Barcelone. « Une vraie histoire, mais elle restera unique et on ne nous l’enlèvera jamais, pétille Ghani Yalouz. Dix-huit médailles avec quelques blessés, je le rappelle souvent. Mais surtout une vraie dynamique. » Fruit du dialogue, du facteur humain instillé par l’ex-lutteur.


Une dynamique capitale pour la suite. « Des jeunes comme Kevin Mayer, Pierre-Amboise Bosse le disent, c’est l’esprit de Barcelone qui les a attirés vers le haut niveau », témoigne Bernard Amsalem, puis complète : «J’ai été agréablement surpris après les Jeux de Londres. Tous sont restés dedans. Il est vrai que les jeunes poussent, que même les championnats de France commencent à faire peur. »

Ambitions élevées à Zürich

« Tant mieux, note le DTN. Nous sommes pour la confrontation, contre la culture de l’évitement. » Il insiste, avec sa volonté communicative. « Les Jeux, ce n’est pas tous les quatre ans, c’est tous les jours. Tout le monde ne sera pas dans ses objectifs, mais je suis pour la culture du dépassement de soi. Et ça donne des choses formidables. »

Prochain passage sur la route de Rio 2016, l’Euro de Zürich en aout 2014. « Le seul événement de l’année, note Amsalem. Tout le monde s’y préparera. Mais l’objectif sera de faire aussi bien qu’à Barcelone. Ce sera dur, nous ferons tout pour mettre les athlètes dans les meilleures conditions. Je ne parle pas d’assistanat, mais de mieux vivre ensemble. »


Concernant leur succession, les deux hommes ont leur petite idée, l’essentiel étant de leur léguer un athlétisme français en pleine vitalité. « Nous ne travaillons pas à l’instant T, résume le DTN. Notre action doit être pérenne, après 2016. »

Bernard Amsalem illustre en évoquant notamment les projets de relance des lancers, des sauts, dans le sillage entre autres d’une Mélanie Skotnik désormais à l’INSEP, sur qui compte la Fédération pour un jour transmettre son expérience.

L’avenir de l’athlète fait partie de ce facteur humain, privilégié par le DTN, qui explicite: « Quand tu prépares ton avenir, tu es plus serein, tu ressens moins de pression, tu prends plus de plaisir au quotidien. » L’humain, le plaisir, le mieux vivre ensemble, autant de notions essentielles lorsque, au bout du compte, le mental fait la différence.
par Rémy Sauer

Entretien accordé au journal l'Alsace du 30/11/2013


« Une salle d’ici 2 ans »

Bernard Amsalem, à quoi sert exactement le G5 (*) ?


L’idée, c’est de se rencontrer avec nos collègues allemands, italiens, britanniques et espagnols, d’échanger sur ce qui nous préoccupe chacun dans nos fédérations. Nous avons souvent des problèmes communs, et on essaie d’y apporter des réponses ensemble. En France, on cherche par exemple à gagner en performance dans les lancers, et on a tout intérêt à s’inspirer des Allemands, qui ont une vraie tradition dans ce domaine. À partir de cette année, on va mettre en place des stages communs franco-allemands pour faire progresser nos entraîneurs et nos lanceurs. Le principe, c’est de prendre le meilleur de nos voisins.

Choisir une région frontalière comme l’Alsace pour accueillir le G5 coulait donc de source…


Exactement. Pour nous tous, ça a été une évidence. Ici, dans la région strasbourgeoise, ville européenne par exemple, dont l’accès était facile pour tout le monde. Il y a une symbolique particulière, bien sûr.


 Le fait que l’Alsace soit fortement représentée au sein des instances dirigeantes de l’athlé français, cela a-t-il joué ?

(Sourire). C’est vrai que depuis les dernières élections à la tête de la Fédération, on a un secrétaire général alsacien (Ndlr : Jean-Marie Bellicini, par ailleurs président de la Ligue d’Alsace d’athlé), un vice-président alsacien en charge des affaires internationales (Pierre Weiss) et une vice-présidente alsacienne en charge des relations avec les clubs et de l’athlétisme féminin (Doris Spira). Mais cette forte coloration régionale est une pure coïncidence. On cherche d’abord des compétences, et il se trouve que c’est en Alsace qu’on en a le plus trouvées…

Quel regard portez-vous sur l’athlétisme alsacien ?

 C’est du solide. Les clubs sont bien structurés, il y a un bon CREPS (Centre régional de l’éducation populaire et du sport) à Strasbourg, il y a eu de grands athlètes par le passé, comme Ignace Heinrich, et une belle génération actuelle, avec notamment Mélanie Skotnik, Benjamin Compaoré ou Céline Distel-Bonnet, qui faisait partie du relais 4x100 m féminin injustement disqualifié et déchu de sa médaille d’argent cet été lors des Mondiaux à Moscou.

La déception est encore là ?

Oui, très clairement. Ce jour-là, les athlètes ont rempli leur mission, mais pas les juges russes. Modifier un résultat trois heures après, c’est une hérésie.

Vous aviez porté réclamation et n’aviez pas obtenu gain de cause. Avez-vous au moins reçu des excuses depuis ?

Non, mais j’ai demandé une modification du règlement et il sera révisé prochainement. En résumé, au même titre que les équipes ont une demi-heure pour porter réclamation après une course, les juges auront eux aussi un délai d’une demi-heure pour modifier le résultat d’une épreuve. Le pire, c’est qu’en revoyant la vidéo de la course, on a remarqué que la Jamaïque (Ndlr : médaillée d’or) avait également effectué un passage de témoin hors zone. Une de mes collègues de la Fédération internationale (IAAF) a demandé à ce que la vidéo soit désormais utilisée systématiquement avant l’officialisation des résultats. Il n’y aura donc plus de doute possible. Pour la petite histoire, on a demandé à ce que nos filles puissent garder malgré tout leurs médailles.

Depuis Mehdi Baala, l’athlé alsacien peine à retrouver un grand champion. Est-ce le signe d’un essoufflement ?

Très sincèrement, je ne pense pas. On le voit dans la densité des licenciés alsaciens, les jeunes qui arrivent, comme Maxime Hueber-Moosbrugger qualifié pour les championnats d’Europe de cross dans huit jours. Le travail est bien fait par les clubs, il y a des athlètes qui sortent régulièrement. Après, il n’y a pas des Mehdi Baala partout tout le temps. On aimerait bien, mais non. Des athlètes qui ont la capacité à aller chercher des podiums dans les grands rendez-vous internationaux, on les compte sur les doigts de la main. On a fait quatre médailles aux derniers Mondiaux, deux aux Jeux Olympiques en 2012… Tout est dit. Franchement, l’Alsace n’est pas une région qui m’inquiète, au contraire.

Pour franchir encore un palier, ne lui manque-t-il pas un stade couvert?

Évidemment, surtout que le climat alsacien n’est pas celui de Marseille ! Des démarches sont en cours, le conseil régional souhaite être le maître d’ouvrage de la future salle et subventionnera les travaux à 50 %. Reste à définir quelle collectivité va l’accueillir sur ses terres. Je pense qu’on entrevoit le bout du tunnel. Après les élections municipales, ça va s’accélérer. Je suis assez optimiste pour penser que d’ici deux ans, il y aura un stade couvert en Alsace, et d’ici la fin de mon mandat, en 2016, un équilibre territorial intéressant en matière de structures dédiées à l’athlétisme en France.

Ce mandat, c’est le dernier ?


C’est le 4e et c’est mon dernier, c’est certain. Je pense qu’il faut être raisonnable. Ma conception de l’action publique, c’est de ne pas durer. C’est de faire ce qu’il faut le temps qu’il faut, puis de passer la main à d’autres. Cette vision est valable aussi en politique.

(*) Le G5 regroupe les cinq fédérations d’athlétisme les plus importantes d’Europe (la Grande-Bretagne, l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne et la France). Depuis hier et jusqu’à demain après-midi, une quarantaine de personnes sont réunies pour sa 4e édition à l’Hôtel Diana de Molsheim.


Une salle en Alsace d’ici 2 ans?

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