Paris-Colmar à la marche... le jour d'après
Article extrait des DNA du lundi 09/06/2014
La folle aventure des athlètes du Paris – Colmar
Un condensé d’émotions
Un Paris – Colmar à la marche est, par essence, inoubliable. Par pure passion, les athlètes s’infligent des souffrances qui atteignent, parfois, la limite du supportable. En découlent une énorme fierté et une grisante sensation de plénitude…
À l’image de l’ensemble des marcheurs du Paris – Colmar, Sylvie Maison est arrivée lessivée, samedi soir sur le Champ-de-Mars. Un périple de près de 300 kilomètres n’est, par définition, pas une sinécure. Surtout lorsqu’on le fait à pied, sous une chaleur caniculaire…
Mais en contemplant « les couchers de soleil dans la Marne et dans la campagne vosgienne », l’Alsacienne s’est dit que ça valait le coup.
« Je viendrai ici jusqu’à ma retraite ! »
C’est dans son ADN : le Paris – Colmar offre, chaque année, un condensé d’images fortes. Y compris, parfois, lors de la remise des prix. Quelques minutes après avoir accroché la deuxième place de l’épreuve féminine, derrière la Russe Olga Borisova, la Guadeloupéenne Maggy Labylle a manqué de s’évanouir, à côté du podium.
Assise au milieu de l’estrade, la marcheuse des îles a fini par se relever, non sans s’appuyer sur quelques épaules, avant de s’affaler sur une chaise ramenée là en catastrophe…
Dauphin du Russe Dimitriy Ossipov (voir DNA d’hier) , le Vosgien Emmanuel Lassalle a, lui, embrassé le sol après avoir franchi la ligne. Les mollets recouverts de crème solaire, il s’est retourné vers le lauréat moustachu et l’a légèrement chahuté : « Fais attention, l’an prochain, je serai là ! »
Ça tombe bien, Ossipov (48 ans) ne comptait pas décliner l’invitation, en 2015. « Je viendrai ici jusqu’à ma retraite ! L’ambiance est si chaleureuse… Le Paris – Colmar, c’est une grande famille. »
« Ces gens-là sont des passionnés, renchérit Régis Thibault, l’un des responsables de la marche au sein de la Ligue d’Alsace. Les deux ou trois premiers arrivent à combler leurs frais avec les primes, mais à partir de la 4e place, on ne touche déjà plus grand-chose… »
Retour à la vie normale pour Sylvie Maison
C’est un fait : cette épreuve mythique n’est pas conçue pour les professionnels. Le Paris – Colmar consacre des héros inconnus du grand public, des citoyens lambda. C’est là, aussi, que réside son charme.
Après une semaine d’exposition, Sylvie Maison, enseignante en SVT, s’apprête à retrouver l’anonymat. Demain, elle donnera des cours au collège de Villé.
Un restaurant à Eguisheim, samedi soir avec la petite famille, et 48 heures de repos (merci le jour férié) : il en faut peu pour requinquer une championne.
En 2013, au bout de l’effort, l’habitante de Lipsheim avait perdu presque tous ses ongles… Cette année, elle n’a pas mis à contribution les podologues. La Bas-Rhinoise n’esquissait d’ailleurs pas la moindre grimace, avant-hier, en observant ses « jambiers antérieurs un peu abîmés ».
D’autres, comme la Guinéenne Aïda Diallo (5e ), ont eu moins de veine… « Elle était blessée, je crois qu’elle souffrait d’une double tendinite, raconte Sylvie Maison. Et en plus, son camping-car est tombé en panne. Malgré tout, ça reste une teigne. La preuve, elle a terminé la dernière étape devant moi ! »
Régis Thibault n’a donc pas tort de parler d’« exploit mental », à l’heure de mettre des mots sur la performance hors normes d’une petite trentaine d’athlètes.
Content d’avoir « validé » plusieurs mois de « préparation et de sacrifices », le Vosgien Emmanuel Lassalle conclut par une petite formule : « Je n’ai passé qu’un bon moment sur ce Paris – Colmar. Du début à la fin… »