Source DNA du 18/02/2016
Benjamin Compaoré au meeting Athlélor de Metz dimanche.
L’appel du (nouveau) pied
Hanté par la douleur à la cheville gauche, Benjamin Compaoré (S2A)
a décidé de changer de pied d’appui. En année olympique, il s’agit d’un
pari énorme. Mais peut-être salutaire pour le champion d’Europe.
L’appel
est venu du pied. Le nouveau. Le droit. C’est lui qui lui a mis la puce
un peu plus haut, à l’oreille. Lors d’une séance de cloche-pied à
l’entraînement, Benjamin Compaoré ressentait les douleurs habituelles à
gauche, rien à droite. « À la fin de la séance, j’ai émis l’idée
“Stieve” (Jean-Hervé Stievenart, son coach depuis dix ans, ndlr ) a paru
perplexe, avant d’acquiescer. »
En route pour l’aventure. « À la
base, on prévoyait de ne changer de pied d’appui qu’à l’entraînement,
afin de soulager la cheville gauche. » Vu ce que le Wolfisheimois a
réussi à produire au bout de deux/trois séances, le duo a rapidement
choisi de pousser le bouchon plus loin. À savoir jusqu’en compétition. «
On en est là. On part pour ça. »
« Je suis assez excité par le challenge »
C’est
que son quotidien de triple sauteur s’en trouve métamorphosé. « Je ne
ressentais pas de gêne en course, mais je sautais très peu à
l’entraînement. Là, je peux enchaîner les sauts. » Comme libéré d’un
carcan qui l’engonçait depuis plus de deux ans. Plus précisément depuis
son opération, en septembre 2013, même si onze mois plus tard, il a
décroché son titre européen à Zürich.
La douleur, certes
supportable, ne l’a jamais vraiment quitté en phase de saut. « Avec le
temps, je m’y étais habitué. » Au point de s’en accommoder, jusqu’à sa
blessure aux ischios venant compliqué le tout et pourrir une année 2015
sans le moindre concours d’envergure (un seul triple bond au-delà de
17m, 17,01m début juin à Birmingham, loin de ses 17,48m records).
Reste
que le pari consistait à repartir de zéro ou presque. « On n’en est
toujours pas loin », lâche d’ailleurs l’athlète du Strasbourg
Agglomération Athlétisme, plutôt convaincu, néanmoins, par sa première
sortie, le 6 février à Karlsruhe.
Bon, 16,29m, « c’est nul »,
tranche-t-il lui-même. Mais l’essentiel ne résidait pas dans la
performance. « J’étais assez surpris d’avoir osé m’engager à ce point
sur le cloche et de pouvoir enchaîner quatre tentatives complètes. C’est
encourageant et je suis assez excité par le challenge. »
Observateur
averti ( voir ci-contre ) , l’entraîneur de l’Américain Christian
Taylor a avoué son étonnement en apprenant que la mutation ne remontait
qu’à deux mois.
« À pleine vitesse, je ne maîtrise pas encore »
Mais
le chemin est long. « À l’entraînement, sur 4, 6, 8 foulées, j’arrive à
tout aligner. À pleine vitesse, je ne maîtrise pas encore. C’est un cap
à franchir. Il faut répéter, répéter. Tout dépend combien de temps. »
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