Article extrait des DNA du 18/03/2016Benjamin Compaoré aux Mondiaux en salle de Portland, d’aujourd’hui à dimanche.
Travaux pratiques de gala
Quatre
mois à peine après avoir changé de pied d’appui, Benjamin Compaoré
(S2A) retrouve la scène internationale. Pour travailler, avancer, et
plus si affinités.
Comme
laboratoire expérimental, il y a pire que des championnats du monde en
salle. Benjamin Compaoré a pris les airs direction Portland, à l’extrême
nord-ouest des États-Unis, tout près du Pacifique et du Canada, pour
tester sa nouvelle jambe d’appui, la droite, au niveau international.
« Ce sera déjà ça de fait »
À
peine la médaille de bronze des championnats de France en salle autour
du cou, avec un triple bond validé à 16,88 m et un autre, à peine mordu
aux alentours de 17,20 m, le Wolfisheimois n’avait plus que le voyage
dans le Far West – qui ne lui était pas encore garanti – en tête.
Avec
une obsession : sauter et sauter encore, emmagasiner les sensations,
les repères, les certitudes sur ce pied droit sur lequel il est prêt à
tout miser, par opposition à une cheville gauche trop douloureuse pour
espérer franchir de nouveaux paliers.
«
Cela évitera le grand saut cet été, à l’occasion des championnats
d’Europe puis des Jeux olympiques, ce sera déjà ça de fait », avait
justifié l’athlète du Strasbourg Agglomération Athlétisme. Comme quoi,
il ne doute quasiment plus de sa présence, tant à Amsterdam, du 6 au 10
juillet, qu’à Rio, du 12 au 21 août.
Lorsqu’il
a lancé ce pari fou mais, avec un peu de recul en rien insensé, il en
était loin. Quatre mois d’entraînement, de réglages, et trois concours
en salle plus tard, il est conforté dans ses choix.
Ses
16,29 m à Karlsruhe, ses 16,77 m à Metz, puis les “France” à Aubière,
lui ont donné patate et banane. Comme un gamin découvrant un nouveau
jouet et imaginant tout ce qu’il pourrait en tirer. Comme un champion en
devenir, avec tout l’avenir devant lui, tant sa marge de progression
lui semble évidente.
Une carte à jouer
Aujourd’hui,
il est persuadé que ces deux premiers appuis pied droit l’emmèneront
bien plus loin que son record à 17,48 m, et avec plus d’aisance que le
gauche. Pour preuve, son saut mordu en Auvergne, au-delà de son record
en salle, 17,14 m, établi il y a quatre ans déjà.
Dans
l’Oregon, dimanche matin à 1h, heure française, Benjamin Compaoré
sèmera donc pour l’été. Il ne fera pas pour autant une croix sur le
présent. Vu le plateau et les prestations des uns et des autres durant
l’hiver, loin d’atteindre des sommets, une éventuelle médaille mondiale –
ce serait la première depuis son titre junior en 2006 à Pékin – n’a
rien d’utopique.
La
victoire, ne rêvons pas trop. Révélation du moment, le Chinois Bin Dong
a porté le record d’Asie à 17,41 m. À ce stade, cela semble encore un
peu loin. Derrière, tout le monde est resté bloqué aux alentours des 17
m.
Chez
eux, les Américains Chris Center, Eric Sloan et surtout un Omar
Craddock, très discret jusque-là, seront à surveiller, tout comme le
Cubain Alexis Copello et les deux premiers des championnats d’Europe en
salle il y a un an, le Portugais Nelson Evora et l’Espagnol Pablo
Torrijos. Sans oublier l’autre “Bleu”, Harold Corréa.
Si
Benjamin Compaoré poursuit sa progression exponentielle constatée tout
au long de l’hiver, sa conquête de l’ouest pourrait bien s’avérer
fructueuse.