Paris-Alsace... la maison du bonheur
Source DNA du 10/06/2019
Retour sur la première victoire d’une Alsacienne sur le Paris-Alsace à la marche
La Maison du bonheur
Le bonheur était total, samedi, pour Sylvie Maison et ses proches à Ribeauvillé. La victoire historique de l’Alsacienne sur le Paris/Alsace à la marche, marquée du sceau de la persévérance, a ravi tout le monde.
Il est un peu plus de 18h, ce samedi, à Ribeauvillé. Plusieurs athlètes ont déjà franchi la ligne d’arrivée du Paris/Alsace à la marche. Et pourtant, l’ambiance est au beau fixe. Elle monte même d’un cran. C’est que l’Alsacienne Sylvie Maison est annoncée dans la Grand’Rue.
Les touristes stoppent momentanément leur déambulation. Les supporters de la Lipsheimoise, eux, affichent un large sourire. Sourire que l’on retrouve sur les lèvres d’Irina Poutintseva, quadruple lauréate de l’épreuve, venue spécialement de Russie pour accueillir celles qu’elle a tant de fois martyrisées sur le bitume. Dominique Plée, patron de l’événement, a lui aussi la banane.
« Pour elle, c’est une consécration. Pour l’épreuve, c’est génial »
« Aujourd’hui, c’est la meilleure Française, assure le responsable de la commission nationale de marche. Elle avait une revanche à prendre (Sylvie Maison avait abandonné en 2017). Elle a bien géré sa course. Pour elle, c’est une consécration. Pour l’épreuve, c’est génial. »
La prof de SVT du collège de Villé montre enfin le bout de son nez, flanquée de ses fidèles accompagnateurs mais aussi de son compagnon Christian et son fils Matthias qui, comme le veut désormais la tradition, avait confectionné une pancarte pour soutenir sa maman. Sylvie Maison brandit le drapeau français en face de l’Hôtel de Ville. Le moment est historique. Pour la première fois, une Alsacienne inscrit son nom au palmarès.
« Honnêtement, jamais je n’aurais pensé un jour gagner le Paris/Alsace. Il y avait toujours les Russes devant, explique la marcheuse de 45 ans qui a profité à plein de l’absence des concurrentes de l’Est. Quand j’étais pas loin de l’arrivée, les larmes me sont montées aux yeux. Ce jour restera gravé à jamais. »
Et pour cause. Ce n’est pas un mince exploit qu’a réussi la sociétaire du Strasbourg Agglomération Athlétisme. En 2017, elle avait dû abandonner pour préserver ses tendons. L’an passé, ses tendinites persistantes ainsi que des problèmes à la thyroïde l’avaient empêchée de prendre le départ.
Il y a cinq mois encore, Sylvie était « à la ramasse » selon Claudine Anxionnat qui l’a drivée tout au long des 303,1 kilomètres de la “Vosgéenne”. « En janvier, on aurait jamais imaginé un tel dénouement. Je pense qu’elle a eu un déclic (aux 24 heures de Bourges). Après, elle était plus dedans, assure celle qui a 13 Paris-Colmar dans les jambes. Sylvie, c’est une fille sérieuse, carré. C’était la troisième fois que je l’accompagnais. Je la connais un peu mieux même si elle aime rester dans sa bulle. Elle a été costaude dans la tête, n’a connu aucun coup de barre et ne s’est jamais arrêtée. Elle a été très régulière. »
« Il va me falloir un peu de temps pour réaliser »
Et déterminée. Car elle n’a pas flanché lorsqu’elle s’est retrouvée à la bagarre avec Émilie Bizard-Planchot, sa cadette de 12 ans, sur la première moitié du parcours. Finalement, c’est vendredi, vers Gironcourt-sur-Vraine, dans les Vosges, qu’elle a pris conscience que la victoire était à portée de pas.
« Mais il subsiste toujours un doute. Il ne faut pas lâcher car le chemin est encore long, nuance celle qui a touché au but lors de sa huitième participation. J’ai pu compter sur mon équipe. Sans elle, je ne suis rien. Il y a eu une vraie cohésion. »
Au niveau familial également puisque tout le monde a compris qu’il était nécessaire de bien s’entraîner pour réussir une nouvelle fois l’exploit de rallier à la force des mollets le Haut-Rhin depuis la capitale. Zoe et Matthias étaient rayonnants au moment d’embrasser leur gagnante de mère. Comme Christian.
« Au début, il y avait pas mal d’incertitudes. Je suivais l’avancée de Sylvie sur Internet et je n’avais que les temps intermédiaires, rapporte le compagnon de la championne. Mais quand j’ai vu qu’elle a creusé l’écart, et comme Sylvie est un diesel, j’ai su qu’elle allait le faire. »
La dernière étape entre Plainfaing et Ribeauvillé a alors été une longue marche triomphale. Tous les sacrifices consentis en 2019 n’ont donc pas été vains. Et Sylvie Maison a pu faire retomber la pression après 43h45’52 d’efforts.
« Je l’ai fait, sourit, incrédule, l’Alsacienne. Il va me falloir un peu de temps pour réaliser. » Avant de revenir défendre son titre en 2020 ? « Je recommencerai, je pense, car je suis un peu mordue. »
Samedi, l’heure n’était pas encore aux projections même si une participation aux 24 heures de Vallorbe, en Suisse, le 31 août, flottait dans l’air. Avant, il y avait un sacre à apprécier à sa juste mesure. Ce week-end, forcément, c’était la fête chez les Maison…
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