Jeff ERIUS ... double Champion de France
Source DNA du 24/02/2020
Championnats de France cadets et juniors en salle à Miramas
L’avion Jeff Erius a pris son envol
Il était attendu. Il a répondu présent, à la hauteur de sa réputation, déjà plus naissante. Deux semaines avant ses 16 ans, voilà Jeff Erius (S2A/RCS) double champion de France en salle. Le Strasbourgeois a survolé le 60m, à un centième du record de France, et le 200m, ce week-end à Miramas.
Lorsqu’en 2000, il avait battu le record de France cadet du 60m en salle (6”78), Ladji Doucouré allait fêter ses 17 ans. Cinq ans plus tard, il décrochait deux titres mondiaux à Helsinki, sur 110m haies et 4X100m.
«C’est cool. Je suis satisfait.»...
Samedi, à l’aube de ses 16 ans à peine, Jeff Erius a donc approché une des légendes de l’athlétisme français, à la carrière hélas entachée de tant de pépins physique, d’un tout petit centième.
C’était en demi-finale du 60m, lorsque le sprinter du Racing a couru en 6”79, dans la foulée d’une série l’ayant déjà vu enlever huit centièmes à son record personnel (6”81). Un gouffre sur la distance.
Adoubé par Ladji Doucouré
Ladji Doucouré en personne est alors venu encourager la pépite du Neuhof, lui souhaitant de s’emparer du record de France en finale. La classe.
En 6”80, le coup est encore passé tout près, mais Jeff Erius a pris date pour l’hiver prochain et, surtout, s’est paré d’or une première fois.
«Le record, on n’y pensait pas trop en arrivant à Miramas, a-t-il témoigné à chaud. Mais quand on a vu que je m’en approchais dès les séries, on s’est dit “pourquoi pas ?”»
«Un centième, ça fout les boules»
Dimanche soir, il a ajouté: «Je ne m’attendais pas à ces chronos. Mais là, un centième, ça fout les boules. Mais bon, ça me laisse un truc à aller chercher l’an prochain».
Entre-temps, le lycéen de Seconde, à Louis Pasteur, a rempli la deuxième partie du contrat dans les Bouches-du-Rhône, en dominant tout autant le 200m: 21”73 en série, 21”60, record personnel en finale.
Jeff Erius aurait pu être perturbé par l’enchaînement des courses, ou par les 21”82, pas si loin de lui, du Mâconnais Sonny Gandrey, en série. Autant d’obstacles qui glissent sur sa carcasse – laquelle commence à se muscler – sans la moindre incidence. Il a juste permis à Gandrey d’abaisser son propre chrono à 21”74 en finale.
«Je n’étais pas stressé. J’étais préparé à ça. J’ai mes deux médailles d’or, pour mes premiers championnats de France. C’est cool. Je suis satisfait.»
“Erius 320”
Mesure-t-il la portée de ses performances? Si ce n’est le cas, Patrick Herrmann, président du RC Strasbourg, une des sections du S2A, s’en charge: «Il a beau être favori, dans les tribunes, on se pose 36000 questions. Et là, les deux titres, autant de records personnels: c’est du 100%. Nous avons vécu un superbe week-end. »
Emma Lecerf, entraîneur comblée, n’en pense pas moins, la touche technique en plus, elle qui a rebaptisé son athlète “Erius 320”. «C’est formidable. Il savait ce qu’il avait à faire. Restait à gérer l’enchaînement de cinq courses. Dimanche matin, après la série du 200m, il reconnaissait être “un peu lactique”. Pour ma part, même s’il manque encore un peu d’explosivité au départ, je l’ai trouvé en place techniquement, avec pas mal de relâchement et même agressif sur ses 200m.»
Istanbul en attendant Rieti
Jeff Erius peut légitimement s’accorder trois jours de repos avant de préparer sa première sélection en équipe de France. Le 7 mars à Istanbul, il participera au match U18 en salle opposant la Turquie, la France, la Biélorussie, le Kazakhstan, la Serbie et l’Ukraine.
Le moment sera venu, ensuite, de se concentrer sur la saison estivale qui s’ouvrira par ses premiers interclubs, en mai. À l’horizon, les championnats d’Europe cadets, du 16 au 19 juillet, à Rieti, en Italie, avec un passage obligé, le meeting de sélection de Franconville, les 27 et 28 juin.
Mais chaque chose en son temps. Ce lundi matin, Jeff Erius est invité à savourer le moment présent.
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