Report des JO... sacrifices et compromis en vue
Source DNA du 25/03/2020
Après le report des Jeux olympiques de Tokyo à 2021: sacrifices et compromis en vue
Le report des Jeux olympiques de Tokyo à 2021 nécessitera «des sacrifices et des compromis»: au lendemain de la décision historique de décaler d’un an les JO en raison du coronavirus, le président du CIO Thomas Bach a prévenu que la tâche serait ardue et appelé tous les acteurs à l’union sacrée.
Annoncé mardi alors que la pression des athlètes mais aussi des Comités nationaux olympiques devenait intenable, le report à 2021 des JO prévus initialement du 24 juillet au 9 août prochains «nécessitera des sacrifices et des compromis de toutes les parties», à savoir les organisateurs, le CIO, les fédérations internationales, les sportifs et les sponsors, a déclaré Thomas Bach, lors d’une conférence de presse téléphonique suivie par plus de 400 médias du monde entier.
«La question d’une annulation a été discutée et étudiée»
Depuis la renaissance des JO, en 1896 à Athènes, grâce au baron français Pierre de Coubertin, fondateur du CIO deux ans plus tôt, jamais le plus grand événement sportif planétaire n’avait été reporté. Sauf en raison des deux conflits mondiaux du 20e siècle qui avaient entraîné l’annulation pure et simple des JO 1916, 1940 (déjà prévus à Tokyo) et 1944.
Face à la menace inédite du coronavirus, qui a déjà fait plus de 19 000 morts à travers le monde et continue de s’étendre, Thomas Bach a reconnu que le scénario d’une annulation pure et simple des Jeux avait été «mise sur la table».
«Bien sûr, la question d’une annulation a été discutée et étudiée, mais il était très clair depuis le début que l’annulation des JO n’a jamais constitué une priorité, car notre mission est d’organiser les Jeux et de rendre possible le rêve des athlètes», a souligné le président allemand du CIO, qui sait trop bien ce que signifie une participation aux JO, lui qui était devenu champion olympique d’escrime par équipe à Montréal en 1976.
Un casse-tête, «un défi»
Mais reporter «l’événement sportif le plus compliqué au monde à organiser», va constituer un énorme casse-tête, «un défi», selon M. Bach, obligeant à chambouler un calendrier international déjà surchargé.
Ainsi, l’UEFA a-t-elle décidé dès la semaine dernière de reporter l’Euro de football à juin-juillet 2021, tout comme l’a fait la Confédération sud-américaine avec la Copa America.
Deux Championnats du monde majeurs sont également programmés durant l’été 202: les Mondiaux d’athlétisme (6-15 août) à Eugene (États-Unis) et les Mondiaux de natation, programmés au Japon (Fukuoka) du 16 juillet au 1er août.
Dès lundi, World Athletics (ex-IAAF) a indiqué avoir engagé des discussions avec les organisateurs américains en vue d’un report de ses Mondiaux 2021.
Mardi, un responsable de la Fédération internationale de natation a également assuré que repousser les Mondiaux ne serait «pas un problème».
Pourparlers avec 33 fédérations!
Mais les JO de Tokyo vont réunir 33 fédérations (les 28 sports habituels plus cinq nouveaux, à savoir le surf, le karaté, l’escalade, le skateboard et le baseball/softball), autant d’instances qui avaient déjà programmé des compétitions continentales et intercontinentales.
Dès ce jeudi, le groupe de travail créé par le CIO et baptisé «Here we go» («C’est parti!») va organiser une conférence téléphonique avec les fédérations. L’Association internationale des sports d’été (ASOIF) va également servir d’intermédiaire, selon un de ses responsables.
Quant aux dates possibles, Thomas Bach a également confirmé que «toutes les options sont sur la table, avant et pendant l’été 2021».
Mais selon une source proche du CIO, l’option de JO durant l’été 2021 «est la solution préférée du Premier ministre japonais Shinzo Abe».
De plus, déjà confrontés à la suspension de leurs championnats en raison du coronavirus et peut-être privés de la phase finale de compétitions continentales (comme la Ligue des champions en Europe), les dirigeants de certains sports d’équipes notamment (football, basket-ball…) verraient probablement d’un mauvais œil la concurrence des JO au printemps 2021.
Au-delà du calendrier sportif, ce sont aussi les énormes enjeux logistiques et d’organisation que le Comité d’organisation des JO de Tokyo, avec le soutien indispensable du gouvernement nippon, devra résoudre.
La spécificité du Village olympique
Parmi eux, la question du Village olympique, qui doit accueillir 11 000 sportifs dans des appartements dont beaucoup ont déjà trouvé… acheteurs.
Ces logements devaient être rapidement réaménagés après l’été en plus de 4 000 appartements, dont certains affichent un prix de vente de 170 millions de yens (1,4 million d’euros au cours actuel).
Pour Thomas Bach, la question du Village olympique, constitue certes «l’une des milliers de questions auxquelles il faudra répondre». Mais, a-t-il poursuivi, sur un ton lyrique, «tous ceux qui ont séjourné au Village olympique savent ce que représente cette expérience, on ne la vit qu’une fois».
« Vivre sous un même toit, au milieu d’athlètes du monde entier, en partageant nos repas, en célébrant, en discutant ensemble, c’est cela l’unité olympique», a-t-il ajouté.
Avant de conclure: «Nous sommes dans une situation sans précédent et face à un défi sans précédent».
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