Tokyo... les bénévoles dans les starting-blocks
Source DNA du 12/04/2020
Tokyo : malgré le report des JO, les organisateurs dans les starting-blocks
Les Jeux olympiques de Tokyo n'auront lieu qu'à l'été 2021, mais les bénévoles qui travaillent à l’organisation prennent leur mal en patience et se tiennent prêt pour que les Jeux soient tout de même une réussite.
Ami Endo, volontaire japonaise pour les Jeux olympiques de Tokyo-2020, rêvait depuis des années de vivre cet évènement, et malgré sa vive déception à l’annonce de leur report, elle est plus que jamais motivée pour participer à l’édition 2021.
«C’est une opportunité unique dans une vie», s’enthousiasme cette étudiante en sciences politiques de 19 ans.
Si elle a vécu dans un premier temps le report de la compétition comme un «véritable choc», la jeune femme n’envisage pas un seul instant de remettre en question son engagement en 2021, même s’il lui faut renoncer à un job d’été.
«Je rêve depuis mon enfance de voir le Japon accueillir les Jeux», explique-t-elle, «c’est une expérience bien plus enrichissante que de l’argent.»
Les dizaines de milliers de personnes et les centaines de villes et villages qui s’étaient portés volontaires pour accueillir et aider les athlètes se préparaient parfois depuis plusieurs années à jouer leur partition pour la grand-messe du sport mondial.
Des formations déjà entamées
A l’approche de l’échéance, Ami Endo commençait même à assister à des journées de formation afin de s’acquitter au mieux de son futur rôle: contrôler tickets et bagages sur les sites olympiques, parmi d’autres responsabilités.
Chizuko Yabusaki, 63 ans, également volontaire, espère toujours mettre à profit ses connaissances en espagnol et portugais mais aussi revivre son expérience du Mondial de football 2002.
«J’ai vécu un moment de fête chargé d’émotion qu’on ne pouvait ressentir qu’en étant partie prenante», se remémore-t-elle.
Chizuko Yabusaki était enfant lorsque Tokyo a accueilli les Jeux pour la première fois, en 1964. Elle se rappelle le frisson ressenti lors de la cérémonie d’ouverture, vécue via une des premières télévisions couleur.
Si elle regrette le report, elle assure comprendre la décision, elle-même s’inquiétant pour la santé des athlètes. A ses yeux, ce n’est que partie remise.
«Un crève-cœur»
A Sagamihara, ville de la banlieue de Tokyo, cela faisait deux ans que les responsables se préparaient à accueillir des sportifs brésiliens et canadiens avant les Jeux.
Pour la municipalité, le premier choc est venu lorsque le Canada a annoncé qu’il n’enverrait pas ses athlètes à Tokyo si les Jeux ouvraient comme prévu fin juillet.
«Nous avons trouvé l’info en ligne, nous étions extrêmement surpris, même si nous comprenons que le Comité olympique canadien donne la priorité à la santé de ses sportifs. Pour nous, c’était malgré tout un crève-cœur», explique Hisashi Kikuchihara, responsable de l’accueil des équipes à Sagamihara.
Côté canadien, il s’agissait avant tout d’accentuer la pression sur le Comité international olympique (CIO), alors encore hésitant à l’idée d’un report de la compétition, désormais prévue pour le 23 juillet 2021.
Les responsables de Sagamihara ont cependant pu pousser un soupir de soulagement en apprenant que les sportifs brésiliens et canadiens viendraient bien s’installer chez eux l’année prochaine.
Hospitalité
Les habitants ont d’ailleurs déjà eu l’occasion de dérouler le tapis rouge pour des athlètes canadiens, en l’occurrence les équipes jeunes d’aviron, venues participer aux championnats du monde junior sur le futur plan d’eau olympique l’été dernier.
«Selon nous, l’hospitalité devait être visible dès leur arrivée», explique le maire de la ville, Zenzaburo Miyano, «nous espérions organiser une haie d’honneur de 300 personnes devant leur hôtel, plus de 400 habitants sont venus, c’était splendide».
Certains habitants ont invité les athlètes à participer à des repas traditionnels japonais, d’autres sont allés les soutenir à Tokyo durant la compétition.
C’est notamment le cas de Yoshimi Koike, présent au bord du plan d’eau mais qui a aussi reçu les sportifs chez lui, avec sa femme Kazuyo, pour un «nagashi sômen», ces nouilles qu’il faut attraper avec des baguettes alors qu’elles glissent sur un toboggan en bambou.
«Je voulais vraiment les revoir cet été, j’étais très triste d’apprendre le report», assure Kazuyo Koike, «mais j’espère avoir l’occasion de faire preuve d’encore plus d’hospitalité à leur égard l’année prochaine!»
* * *