Mohamed-Amine privé des Europe à Paris...
Source DNA du 25/04/2020
Baptiste Mischler (UB) et Mohamed-Amine El Bouajaji (S2A) privés des championnats d’Europe à Paris
Déception, le mot est trop faible!
En une année 2020 potentiellement exaltante, tous deux avaient investi dans des stages sur les hauts plateaux et/ou aux États-Unis. Après le report des JO de Tokyo, Baptiste Mischler et Mohamed-Amine El Bouajaji ont pris un gros coup derrière la tête avec l’annulation de l’Euro à Paris, fin août.
n s’y attendait un peu mais avec le décalage du Tour de France à fin août, j’avais repris espoir. Je m’étais dit que la Fédération arriverait à convaincre le gouvernement que l’on pouvait trouver les aménagements nécessaires.» Les illusions de Baptiste Mischler se sont envolées jeudi.
«On voit bien que l’impact financier n’est pas le même»
Avec son frère Timothée, étudiant en 4e année de médecine, lequel a vécu deux expériences de gardes aux urgences de l’hôpital de Hautepierre, le Brumathois est bien placé pour le savoir : il y a beaucoup plus grave dans la vie. Il l’a néanmoins un peu mauvaise.
Sa déception est pointée d’incompréhension. «On voit bien que l’impact financier n’est pas le même. Même pas un report. Pourquoi d’autres sports, le foot à huis clos, le Tour avec des dispositifs allégés autour, peuvent continuer, et pas nous? C’est triste que le gouvernement n’a pas fait l’effort. En ce moment, de plus en plus de gens font du sport. Après la crise, il faudrait surfer sur la vague.»
Les propos illustrent le crève-cœur que représente cet événement à domicile, si rare, qui s’envole. En s’imposant pour la première fois un stage de plus de trois semaines en altitude en Éthiopie, Baptiste Mischler avait mis toutes les chances de son côté. Dans le viseur, la finale du 1 500m à Paris, deux ans après un premier galop à l’Euro de Berlin.
Depuis son retour, malgré le confinement, le fer de lance de l’Unitas Brumath a mis les bouchées doubles. « Paradoxalement, je m’entraîne plus et je récupère mieux, révèle le futur ingénieur qui boucle sa 3e année à l’INSA. Avec les cours en visioconférence, je peux mieux m’organiser, je gagne du temps. Je m’entraîne dix à douze fois par semaine. »
Sur tapis roulant et dans la côte voisine pour le foncier, dans la rue sur un parcours de 400m mesuré pour le fractionné. Il va continuer de la sorte tout en s’inquiétant d’une saison sans meeting du tout. Mais pas que. « D’ici la fin de l’année, avec les mesures de confinement, je ne sais même pas si Hubert ( Steinmetz, son coach de toujours, NDLR ) va pouvoir m’accompagner sur la piste. »
Cet Euro aurait servi de test
Mohamed-Amine El Bouajaji, lui, revient tout juste de son gros mois en Arizona, dans la foulée d’un mois au Kenya, avec entre-temps un 13’28’’ significatif claqué sur route à Monaco, sur 5 000m. Le Strasbourgeois ne s’explique pas plus l’annulation.
« Le report, faut être réaliste, d’accord. Quand je vois que les Italiens ne peuvent pas s’entraîner du tout actuellement. Mais l’annulation, non. Pourquoi ne pas avoir programmé l’été 2021 à l’identique, avec les JO et l’Euro? »
La pépite de Jean-Marc Ducret étaye sa pensée. « Ce n’est pas pro. C’était l’occasion de présenter au public français la génération Paris-2024. Il aurait été important de la mettre dans le bain, de la confronter une première fois à la pression du public à domicile. Cet Euro aurait servi de test. »
Un rêve de podium s’envole
Le demi-fondeur de l’ASPTT Strasbourg s’y voyait déjà. « Passer à côté d’une finale au stade Charléty, j’ai les “boules”. Paris, pour un Euro, on n’y aura peut-être plus jamais droit.» Or, notamment sur 5 000m, c’est au niveau continental qu’on peut être en droit de rêver. «Avec un an de plus pour progresser, finale aux Jeux et podium à l’Euro, tels étaient mes objectifs.»
Restent les JO. Et d’ici Tokyo, dans plus d’un an désormais, tout est déjà clair dans sa tête: l’Euro de cross en décembre après un stage de trois semaines à Font-Romeu organisé par la Fédération en octobre, trois mois au Kenya et le 5km de Monaco au retour, avant la saison estivale.
Le cap est fixé. Au préalable, Mohamed-Amine El Bouajaji espère une fois au moins pouvoir courir en moins de 13’20’’ sur 5000m en 2020. «Histoire de valider tout de même tout le travail. Quitte à le faire un jour à l’entraînement, en me filmant.» Inimitable Momo.
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