Source DNA du 26/04/2020
"Reporter l’Euro aurait mis la Fédération en péril"
Après l’annonce de l’annulation de l’Euro 2020 à Paris, André Giraud, le président de la Fédération française d’athlétisme (FFA), justifie ce choix et évoque les conséquences. Comme une réponse aux athlètes qui auraient tant souhaité un simple report.
Comment en êtes-vous arrivé à la décision d’annuler l’Euro ?
C’est un projet sur lequel on travaillait depuis trois ans. Il y a un mois, on pensait qu’on allait s’en sortir. Puis au fur et mesure que le temps passait, on a bien vu que ça devenait très compliqué. Pendant cette période-là, avant de prendre une décision, on a organisé beaucoup de réunions avec la Fédération européenne et les services de l’État.
On s’était donné jusqu’à la fin du mois d’avril pour trancher. On a tout envisagé, le maintien, l’annulation, le report, jusqu’à jeudi d’ailleurs, même si dans les derniers jours, on s’est rendu compte, au gré des annonces, que ça allait devenir de plus en plus difficile.
« On ne voulait pas être responsable d’une reprise de l’épidémie »
La possibilité de maintenir l’événement existait-elle ?
On nous a expliqué dans quelles conditions on pouvait encore organiser l’Euro. On en est arrivé à la conclusion qu’appliquer ces préconisations s’annonçait difficile, car cela nécessitait encore plus de bénévoles, et cela engendrait un surcoût financier important entre le gel hydroalcoolique, les masques, les tests pour tous les athlètes qui pourraient entrer sur le territoire français.
C’était devenu mission impossible. D’autant plus que l’État nous l’a rappelé : rien n’est certain pour le mois d’août. Donc on a décidé d’annuler dans l’intérêt suprême de la préservation de la santé. On ne voulait pas, non plus, être responsable d’une reprise de l’épidémie avec la possible venue de personnes infectées.
Pourquoi ne pas avoir reporté l’événement d’un an ?
C’était l’une de nos trois options. On a évalué les coûts supplémentaires, énormes. Il fallait avoir la garantie que l’État et European Athletics soient en mesure d’assumer cette charge. Et c’est une garantie qu’on ne nous a pas donnée.
On préfère aller vers une annulation, plutôt que faire plaisir à tout le monde sportivement, avec un report qui mettrait en péril les finances de la Fédération. Cela signifiait aussi de dire à toute l’équipe en place, compétente et motivée, aujourd’hui en chômage partiel, qu’on ne pouvait pas la garder pendant un an et qu’il lui faudrait revenir en avril 2021.
Les finances de la FFA vont-elles pâtir de cette annulation ?
Non. Là aussi, dans toutes les hypothèses que nous avons envisagées, on travaillait à chaque fois sur les aspects budgétaires. Et on s’assurait à la fois auprès des partenaires, des collectivités et de l’État, que les promesses et les votes déjà réalisés ne nous seraient pas réclamés en cas d’annulation.
Jeudi, on a eu cette confirmation au niveau de l’État. Ce n’est pas spécifique à l’athlé, c’est le cas pour l’ensemble des compétitions internationales prévues durant cette période.
Du coup, la survie de la FFA n’est pas en jeu ?
Pas du tout ! Je peux même affirmer que le budget 2020 sera équilibré. Il n’y aura pas de déficit en 2020 malgré l’annulation de l’Euro.
Peut-on imaginer la France candidate pour accueillir dans un futur proche une nouvelle compétition internationale ?
Bien sûr ! Il est un peu trop tôt pour se projeter sur la période 2020-2024 mais il est évident qu’on joue en Europe un rôle important. Notre position, on veut la conforter, donc il est évident qu’on va commencer à imaginer comment la France pourrait organiser des rendez-vous internationaux.
D’autant plus que nous avons les Jeux Olympiques 2024, et qu’on aura certainement besoin à un moment de faire une répétition. On ne peut pas organiser les JO sans avoir une manifestation, en dehors du meeting de Paris, qui permette de roder nos équipes. Mais il est encore un peu tôt pour y penser.
* * *