Le sport amateur en apnée...
Source DNA du 01/11/2020
Les conséquences de la crise sanitaire.
Le sport amateur en apnée
Le sport amateur, frappé par une baisse drastique d’adhésions à la rentrée, est de nouveau mis à l’arrêt par une deuxième vague pandémique qui pourrait être fatale à des clubs, voire des fédérations. À tel point que certains réclament une aide d’urgence.
La situation était déjà tendue. Elle risque d’être ingérable dans les semaines à venir. « Selon la durée de ce nouveau confinement, cela va être très dur de s’en remettre », prévient Denis Masseglia, le patron du Comité national olympique et sportif français (CNOSF).
Le monde sportif amateur, qui compte près de 17 millions de licenciés, avait déjà enregistré près d’un quart d’adhésions en moins à la rentrée, une perte chiffrable « autour du milliard d’euros », assure Denis Masseglia. Un trou qu’aucune ligne budgétaire n’est censée combler jusqu’à maintenant.
« On risque de perdre tout notre faisceau de clubs. C’est une catastrophe »
Les espoirs de voir les clubs se renforcer peu à peu en adhérents au fil de cette fin d’année se sont envolés avec ce reconfinement, et la crainte de voir de nombreux clubs amateurs - et même des fédérations - tirer le rideau est loin d’être un fantasme. « La question de la pérennité de certains clubs, voire de certaines fédérations est clairement posée. C’est une réelle inquiétude », affirme Emmanuelle Bonnet Oulaldj, coprésidente de la FSGT (fédération omnisports).
Deux jours avant l’annonce du nouveau confinement par Emmanuel Macron, qui n’a pas prononcé le mot « sport » lors de son allocution, le monde sportif avait pourtant tiré la sonnette d’alarme dans une lettre ouverte adressée au président de la République. Rien n’y a fait. « On comprend très bien. Il y a une vraie deuxième vague donc il y a un enjeu de limiter la progression du virus. Mais il y a une colère par rapport au fait que le sport associatif ne soit pas considéré comme une dimension humaine absolument nécessaire », regrette Emmanuelle Bonnet Oulaldj.
Seules les activités sportives prévues dans le cadre scolaire sont maintenues pendant le confinement, comme l’a expliqué jeudi le Premier ministre Jean Castex. Mais les clubs sportifs n’ont pas obtenu le droit d’accueillir au moins des mineurs. « C’est dramatique. On risque de perdre tout notre faisceau de clubs. C’est une catastrophe », s’alarme Jean-Luc Rougé, président de la Fédération française de judo (FFJ), qui regroupe près de 527 000 licenciés dans plus de 5600 clubs. « On est dans une réelle difficulté nationale, on doit prendre conscience que c’est tout le pays qui est en train de s’écrouler », souligne Denis Masseglia, alors que le CNOSF a lancé une enquête auprès de quelque 90 fédérations pour avoir un état des lieux précis de leur situation. « On sent déjà, à travers les premières réponses, leurs inquiétudes », explique-t-il.
Parmi ces craintes, celle de voir des adhérents réclamer un remboursement de leurs adhésions, ou de voir chuter la mobilisation des bénévoles qui représentent près de 85 % du personnel des clubs amateurs. « Il faut que nos bénévoles aient des choses à faire, sinon ils vont partir et on ne pourra pas les récupérer », prévient Jean-Luc Rougé.
« L’urgence, c’est maintenant »
Beaucoup plaident pour une aide d’urgence de l’État, en plus des 120 millions d’euros débloqués dans le cadre du plan de relance, dont 30 millions pour les clubs et les fédérations. « Ce qu’on attend, c’est que l’État apporte sa contribution et aujourd’hui, malheureusement, elle a du mal à se mettre en place. Pour l’instant, ce sont les collectivités qui soutiennent les clubs amateurs », assure le sénateur (LR) Michel Savin.
La question d’un Pass’sports qui permettait aux familles les plus modestes de bénéficier d’une aide à la prise de licences est à l’étude depuis plusieurs semaines. « Mais il ne faut pas rêver, cela ne verra pas le jour avant la rentrée 2021 », a confié un parlementaire. « Or, l’urgence, c’est maintenant ».
« La question du financement de ce Pass’sport a été posée au Sénat mardi à la ministre (Roxana Maracineanu), nous n’avons pas eu de réponse concrète sur quelle partie serait prise en charge par l’État », regrette Michel Savin. « Ce qui est certain, c’est que si on n’a pas un coup de pouce à la reprise, il y a certains clubs qui ne vont pas s’en sortir », prévient Denis Masseglia.
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