Crise du Covid19... le tissu associatif s’élime
Source DNA du 12/12/2020
Épidémie de covid-19: Le tissu associatif s’élime
Une fuite de licenciés et de bénévoles, une perte financière énorme. Le million et demi d’associations en France se retrouve exsangue après un an de crise. Pilier social du pays, le monde associatif réclame des aides et davantage de considération du gouvernement.
Une fois, oui, mais pas deux. Face à la crise sanitaire, le milieu associatif français est parvenu à résister tant bien que mal au premier confinement. Mais la deuxième vague lors de cet hiver 2020-2021 risque de l’amener un peu plus au bord du gouffre.
« L’impact de la crise va être long », diagnostique Frédérique Pfrunder, directrice générale du Mouvement associatif. « Lors du premier confinement, il y a eu beaucoup de solidarité dans le secteur social, et de nombreuses initiatives individuelles, mais pour cette seconde période, il ne va pas tenir. On observe une lassitude des gens, et c’est plus compliqué au niveau de l’engagement. »
30 000 associations menacées de disparition
Le tableau est sombre. Et large. Le tissu associatif est non seulement, au niveau politique, « un rempart contre le séparatisme », comme l’a exprimé cette semaine Philippe Jahshan, président du Mouvement associatif, mais aussi un moteur économique et social avec 3,3 % du PIB et 1,7 million de salariés. Un large spectre propre à la France; un rôle essentiel, social et sociétal, voire sanitaire et médical aujourd’hui, dont de nombreux Français, dans chaque famille, se sentent proches.
Un fonds de solidarité a été débloqué par le gouvernement, des aides, mais, d’après les acteurs associatifs, cela ne correspond pas à la réalité de leur domaine. « Le cadre de base n’est pas adapté », appuie Frédérique Pfrunder. « Le milieu associatif est essentiellement une économie non lucrative, et les prêts n’entrent pas dans sa culture. » Les aides concernent d’abord les associations employeuses (12 %) sur le volet du chômage partiel.
De par leur diversité, les associations vivent différemment cette année 2020. Dans le médico-social, c’est évidemment un surcroît d’activité, avec parfois même un afflux de nouveaux bénévoles. Mais le sport, la culture et les loisirs, qui représentent à eux trois plus de 65 % des associations en France, sont à l’arrêt presque total. Chaos sans précédent : 30 000 associations sont menacées de disparition, ce qui représente 60 000 emplois.
« Il n’y aura pas de miracle pour beaucoup », craint Frédérique Pfrunder. La difficulté est aussi de se faire entendre collectivement, que la voix porte auprès d’un gouvernement décrit parfois comme « sourd » aux appels de la société civile. Les restaurateurs et cafetiers ont leur syndicat, les patrons aussi. Parfois, les fédérations sportives ou les milieux culturels ont alerté le gouvernement, mais pas le milieu associatif dans sa globalité : « L’enjeu face à la crise, c’est de mieux rendre compte de la force du tissu associatif », conclut Frédérique Pfrunder. « Et de la chance que cela représente pour la France. »
* * *