Ligue d'Alsace... la route sera longue!
La récente position de la Ministre des Sports sur la création d'une ligue d'Alsace de Tennis n'augure vraiment rien de bon pour le mouvement sportif alsacien et ses velléités d'émancipation du Grand Est, porté par son rêve de renouer prochainement avec des ligues d'Alsace... car encore faudrait-il que les instances (sportives) fédérales et régionales ne s'opposent pas aux évolutions attendues par la grande majorité des clubs alsaciens et qu'elles ne cèdent pas à la pression des politiques qui pèsent de tout leur poids pour empêcher tout retour en arrière... assurément la route sera longue!
Source DNA du 30/03/2021
La ministre des Sports, Roxana Maracineanu, gèle la Ligue d’Alsace
Dans un courrier daté du 5 mars, la ministre des Sports Roxana Maracineanu a pris « bonne note » de la décision du comité exécutif de la FFT de supprimer la Ligue d’Alsace de Tennis. Une position qui refroidit, mais ne décourage pas les partisans d’une Ligue d’Alsace autonome.
C’est une nouvelle qui peut intéresser tous les présidents au sortir d’élections houleuses : il est possible de supprimer une ligue sportive par un vote du comité exécutif de sa fédération sans que le ministère de tutelle n’y trouve à redire.
Une semaine après avoir informé le ministère des Sports qu’il mettait un terme « à la procédure de création d’une Ligue d’Alsace de tennis au sein de la Région Grand Est », le nouveau président de la Fédération française de tennis Gilles Moretton a obtenu quitus de la part de Roxana Maracineanu : « Je prends bonne note de cette décision du comité exécutif de la FFT, qui rompt avec la décision précédemment prise par le Comex », assure la ministre déléguée aux Sports dans un courrier daté du 5 mars.
Thomann : « Le chemin va être long… »
La Mulhousienne d’origine rappelle néanmoins au nouveau président de la FFT que « s’agissant de l’Alsace, l’article 5 de la loi du 2 août 2019 (portant création de la Collectivité européenne d’Alsace, ndlr) dispose que la nouvelle entité régionale doit être “un organe infrarégional”, qui devra donc trouver sa place dans l’organisation territoriale actuelle de la Région Grand Est. Dans ce cadre, je reste donc en attente de connaître l’organisation territoriale d’ensemble que votre fédération souhaite mettre en place sur le territoire de la Région Grand Est concernant les disciplines de votre fédération. »
« Le chemin va être long… », réagit Stéphane Thomann, président d’une Ligue d’Alsace de tennis qui refuse de s’auto-dissoudre comme le lui a intimé la FFT. « En soi, ce courrier du ministère ne change rien : il prend note de la décision du Comex, dont nous contestons le bien-fondé, comme, visiblement, il avait pris note de la création de la Ligue d’Alsace par le Comex précédent. Le ministère est dans son rôle, je trouve. La seule chose qui me chagrine un peu, c’est que ce courrier ne dit toujours pas ce que tous les Alsaciens veulent savoir : s’il est possible ou non de créer une Ligue d’Alsace sportive au sein du Grand Est. Et je dis bien “au sein du Grand Est”, car notre volonté est de rester dans le Grand Est, mais d’être indépendant de la Ligue du Grand Est de tennis. »
Le courrier de Roxana Maracineanu n’est qu’une carte de plus dans la partie de poker menteur qui se joue depuis l’été dernier autour d’une Ligue d’Alsace que beaucoup ne soutiennent aujourd’hui qu’en façade.
« Le premier épisode d’une remise en cause de l’organisation du sport français »
Jusqu’à présent, un seul acteur du dossier s’est officiellement exprimé contre ce projet : Jean-Paul Omeyer. Dans un courrier adressé le 22 juillet 2020 à Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports, et à Roxana Maracineanu, le vice-président du Grand Est en charge des Sports faisait cette demande sans ambiguïté : « Le démembrement de la Ligue Grand Est […] serait le premier épisode d’une remise en cause de l’organisation du sport français, avec des retombées dans l’ensemble des disciplines et des régions fusionnées, et se traduirait par une impossibilité de mettre en place les déclinaisons territoriales de la gouvernance du sport français. » Et de demander « dans l’intérêt du sport français en général, du sport régional en particulier […] la création d’un District d’Alsace de tennis par fusion des deux comités départementaux, sous l’égide de la Ligue Grand Est ».
Un appel sans conséquence sportive
Une proposition qui a directement inspiré la « CEA Tennis », que préconisent aujourd’hui Gilles Moretton et Lionel Ollinger, le président du GET qui conserverait ainsi l’Alsace dans son giron. Les deux hommes avaient pourtant indiqué, avant d’accéder aux responsabilités, qu’ils suivraient le choix des clubs alsaciens (*).
En octobre dernier, Jean Rottner, président de la Région Grand Est, avait, lui aussi, affirmé que « le choix de leur organisation revient aux acteurs sportifs et à l’État, pas aux collectivités ».
Enfin, le Premier ministre Jean Castex avait appelé, le 23 janvier à Colmar, à élargir les compétences de la CEA. On en est sûr désormais : l’appel n’a pas porté jusqu’au ministère des Sports.
(*) Réunis en assemblée générale le 29 janvier dernier, 94,85 % des présidents de clubs haut-rhinois et 97,71 % des présidents bas-rhinois se sont prononcés pour la création d’une nouvelle Ligue d’Alsace de tennis.
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