Source DNA du 24/08/2021
Sylvie Maison : « Ça me fait tellement plaisir »
Pouvoir participer à l’édition du Paris-Alsace Crédit Mutuel à la marche 2021, tout simplement car elle a lieu, pour Sylvie Maison, la dernière lauréate féminine, en 2019, c’est déjà une victoire. Et tant pis si le format, adapté aux circonstances, ne lui sied pas forcément. Elle ne boudera pas son plaisir.
« Ça me fait tellement plaisir de le faire, ça m’a tellement manqué l’an dernier. » Sylvie Maison est heureuse de la tenue de l’épreuve au point de payer de sa personne pour soulager les organisateurs.
« On ne marchera pas de nuit. Ça me manquera »
L’autre jour, elle a récupéré dans ses locaux à Strasbourg les banderoles de la Région Grand Est, partenaire de la manifestation, pour les ramener elle-même sur les lieux du départ, mercredi à Château-Thierry (14h).
C’est effectivement dans l’Aisne que s’élancera cette édition 2021, y compris pour les hommes avec, pour ce qui est de la Mythique (*) quatre jours de marche, sous forme d’un prologue et de quatre tronçons de 35 à 90 kilomètres.
Au bout des 300 km, l’arrivée sera jugée samedi à Kaysersberg-Vignoble, ou plus précisément à Kientzheim, en hommage à celui qui a tant fait pour l’athlétisme en Alsace, et la marche notamment, Jean Ritzenthaler.
« Je ne vais pas vite mais longtemps »
La formule, non pas au long cours mais par étapes ? « C’est mieux pour les personnes qui vont vite, précise d’emblée la Lipsheimoise. Moi je suis un diesel, je ne vais pas vite mais longtemps. » La tenante reconnaît dans la foulée que deux de ses trois adversaires présentent le même profil.
« C’est pareil pour Claudie Bizard et Lydia Gillard. Marie Cain est peut-être plus rapide. » Briguant bien sûr le podium, elle précise : « Et pourquoi pas gagner ? D’habitude, je ne dis pas ça, mais sans les Russes, c’est différent ». Comme en 2019 en ce jour historique pour la marche en Alsace, lorsqu’elle a levé les bras, devant les siens, à Ribeauvillé.
Et de rajouter : « Ce que j’aimerai bien aussi, c’est gratter un peu quelques places chez les hommes ». Sylvie Maison se verrait bien mettre l’un ou l’autre des neuf engagés sur la Mythique derrière elle.
Un regret tout de même. « On ne marchera pas de nuit. Ça me manquera. Mais au moment où il a fallu décider du format, nous étions encore sous couvre-feu. » Le maintien de ce Paris-Alsace était à ce prix. Sachant que les étapes se termineront vers 23h, soit la nuit tombée tout de même.
La fracture de fatigue est oubliée
Et puis, jour ou nuit, Sylvie Maison est déjà bien contente d’être présente à ce rendez-vous qui lui tient tant à cœur. Victime d’une fracture de fatigue à un métatarse du pied gauche en février, elle aurait pu en être privée. « J’ai repris la marche début mai, mais à deux à l’heure, rigole-t-elle, jaugeant sa vraie reprise à début juin. Ce n’était pas trop tard. L’expérience compte beaucoup.»
Sa victoire lors des 12 heures de Pont-à-Mousson mi-juillet avec un peu plus de 84 kilomètres, l’a définitivement rassurée. « C’était bon, ma blessure, c’était du passé. J’étais assez contente car je ne savais pas où j’en étais. »
Un report salvateur
Au passage, la licenciée de l’Ill Bruche Athlétisme Lingolsheim, dont elle est secrétaire-adjointe et où elle couve les poussin(e)s et benjamin(e)s de l’école d’athlétisme le samedi après-midi, ne pouvait que bénir le report de fin juin à fin août, lié à la crise sanitaire.
La prof de SVT au collège de Villé a pu profiter des vacances scolaires pour parfaire sa forme. Encore que… En famille, les sollicitations ne manquent pas. « Nerveusement, on n’est pas dans le travail, les enfants ne sont pas à l’école, on n’est pas dans le stress », reconnaît-elle toutefois.
Et contrairement au reste de l’année, elle s’entraîne plutôt le soir que tôt le matin. « En ce moment, faut être honnête, j’ai du mal à me lever… »
Sylvie Maison veille à ne pas impliquer les siens plus que ça, même si Matthias, 12 ans bientôt, et Zoé, 11 ans, l’accueilleront à nouveau en fanfare samedi sur la ligne d’arrivée à Kientzheim.
« Je préfère séparer les choses. De toute façon, ils me ramènent vite sur terre. Quand je reviens de l’entraînement, Zoé me demande plutôt des trucs du genre “quand est-ce qu’on mange ?” » Tout est dit…
Au service de son équipe, et vice-versa
Ces derniers jours, la marcheuse s’est plus attachée à soigner ses accompagnateurs, ceux qui à l’inverse se mettront à son service tout au long des 300 km, au volant du camping-car, sur le vélo ou en marchant à ses côtés.
Elle a assuré toute la logistique, de la nourriture aux hôtels, en passant par la table de camping, les paniers à vélo ou l’indispensable entonnoir.
Pour eux aussi (Jacqueline Bonnet-Delassaux, une des plus grandes marcheuses de tous les temps, Alain Burger, Bernard Eck, Alain Legenre et Christophe Ott), Sylvie Maison ira au bout d’elle-même, avec une grosse pensée pour un des piliers de la marche en Alsace, Régis Thibault, que de récents ennuis de santé empêchent d’être de l’aventure.
Les motivations ne manqueront pas pour stimuler ce mental d’acier qui a toujours fait la force de Sylvie Maison.
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