Source DNA du 01/03/2022Fabien Lambolez, coach de Jeff Erius :
« Si on ne veut pas de pression, on ne fait pas de haut niveau »
Médaillé d’argent du 60m, tard samedi soir aux championnats de France en salle à Miramas, le jeune Strasbourgeois Jeff Erius (17 ans) a encore marqué les esprits parmi ses aînés, même si le chrono n’a pas été au rendez-vous (6’’70). Retour sur sa prestation avec son coach Fabien Lambolez.
Fabien Lambolez, avec le recul, comment analysez-vous la course et la médaille d’argent de votre athlète Jeff Erius, samedi soir en finale du 60 m (3e et 2e Français en 6’’70) ?
Il n’avait pas fait une bonne série (2e en 6’’75), il était agacé. Il apprend qu’en championnats, les chronos ne sont pas toujours au rendez-vous vu les enjeux. Mais il a prouvé qu’il était un vrai compétiteur. Il ne s’est pas focalisé sur sa sortie des starting-blocks, un peu ratée, il s’est remobilisé, il a déroulé, il est revenu pour arracher la médaille d’argent derrière Jimmy Vicaut. Il va très vite sur le plat, ça se met en place tout doucement.
Le chrono (6’’70) n’est pas à la hauteur de ses espérances en venant à Miramas. C’est à cause de son départ ?
Il ne faut pas qu’il se focalise là-dessus, il ne faut pas en faire une affaire d’État. Tout le monde lui parle de son départ, tout le monde lui dit que s’il a fait 6’’64 (record de France juniors égalé) aux championnats de France juniors, c’est grâce à son départ. Mais il a 17 ans, il fait encore des erreurs, c’est normal ! Même avec un départ comme ça, il ira très vite cet été sur 100m.
« Quand on égale le record de France de Christophe Lemaitre, il y a de l’attente, c’est normal »
Justement, à vue de nez, ses chronos sur 60 m cet hiver, ça peut laisser imaginer quoi sur 100 m cet été ?
(sourire) Je ne me projette pas, ce n’est pas dans mon habitude. Qu’il continue de travailler comme il le fait. Une belle saison estivale dépend de tellement de choses, des conditions, de la fatigue, de son bac aussi. Après le bac, il aura plus de temps pour gérer son projet. Là, il passe quand même encore 32 heures par semaine à l’école.
Vous maintenez votre discours du début de saison, à savoir donner la priorité aux Mondiaux juniors (1er -6 août à Cali, en Colombie) ?
Il faut apprendre à gagner dans sa catégorie d’abord. Donc oui, priorité absolue aux Mondiaux juniors.
Il lui reste encore le 60 m du meeting indoor de Paris-Bercy le 6 mars, mais quel bilan tirez-vous de sa saison en salle et de l’attention grandissante dont Jeff fait l’objet ?
Si on ne veut pas de pression, on ne fait pas de haut niveau. J’essaie de lui en enlever un maximum, d’en prendre un peu à sa place aussi (sourire). Quand on égale le record de France de Christophe Lemaitre datant de 2009, il y a de l’attente, c’est normal, a fortiori quand ça se passe dans des disciplines autant mises en lumière que celles du sprint. Après, c’est aussi pour ça que Jeff a choisi de venir s’entraîner dans un environnement où il est tranquille par rapport à ça (Ndlr : le Pôle espoirs de Poitiers), avec un staff - entraîneur, agent, équipementier - qui le laisse grandir. Et il grandit.
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