Paris-Alsace à la marche... Sylvie remet ça !
Source DNA du 30/05/2023
Paris - Alsace à la marche : Sylvie Maison, la locomotive
Choqués par le faible nombre d’inscrits au Paris - Alsace à la marche, les organisateurs ont « poussé un petit coup de gueule ». Dix-neuf athlètes se présenteront finalement sur la ligne de départ ce mardi. Parmi eux, la Lipsheimoise Sylvie Maison, qui s’investit de plus en plus pour sauver l’épreuve.
Certains messages ont le don de saper le moral de leurs destinataires. Lorsqu’elle a reçu, il y a quelque temps, « un mail » d’une personne bien renseignée, « laissant entendre » que l’édition 2023 du Paris - Alsace à la marche « serait sûrement la dernière », Sylvie Maison (49 ans) a été sonnée.
Comment cette « épreuve formidable », née en... 1926, pourrait-elle disparaître du paysage ? « Notre discipline est malheureusement en déclin, admet la Bas-Rhinoise. C’est dommage mais ce n’est pas inéluctable. Il faut remettre un coup de projecteur dessus, se faire voir. »
« J’aimerais que les gens dans notre région se rendent compte qu’ils peuvent s’y mettre aussi »
Frustrée par l’inertie de la Fédération française d’athlétisme, la citoyenne de Lipsheim n’hésite pas à « s’impliquer davantage » et à mener elle-même cette opération « promotion » qu’elle appelle de ses vœux. Les 14 et 15 octobre prochains, elle organisera pour la première fois, dans sa commune, un « 24 heures » sélectif pour le Paris - Alsace... 2024. Comme pour conjurer le mauvais sort. « J’aimerais que les gens dans notre région se rendent compte qu’ils peuvent s’y mettre aussi. Les traileurs, par exemple, peuvent très bien faire ce genre d’épreuve. Certains disent que c’est trop dur car il y a une technique à apprendre. Mais c’est vraiment méconnaître notre sport. »
Toujours est-il que la légendaire traversée – qui démarrera ce mardi par un prologue « au cœur de la capitale, près de l’hôtel de ville et sur les rives de Seine », dixit l’organisateur Dominique Plée – fait de plus en plus peur. « Elle permet de mesurer sa capacité à endurer la souffrance et à la dépasser, à réaliser un exploit que peu tentent ou parviennent à réaliser », rappelle le président de Marche mythique organisation, la structure qui chapeaute l’événement.
« Mais il y a deux mois et demi, on n’avait enregistré que douze ou treize inscriptions. Il a fallu pousser un petit coup de gueule : “Si c’est comme ça, on va s’arrêter.” On ne peut pas mobiliser des bénévoles et des collectivités pour aussi peu de partants, ce n’est pas viable. Il faut que tout le monde joue le jeu. »
La mise en garde n’a pas été sans effet. Comme l’an passé, ils seront finalement dix-neuf, cette semaine, à entamer un long périple vers Colmar. C’est là, place Rapp, que sera à nouveau jugée l’arrivée, conformément au vœu des marcheurs, qui souhaitaient renouer avec cette tradition en vigueur de 1981 à 2014.
Sylvie Maison, elle, relèvera pour la 11e fois, déjà, ce « défi personnel » qui l’encourage à aller « au bout » d’elle-même. Elle fait partie des trois seuls téméraires engagés sur la “Mythique”, le plus long des trois circuits proposés dans le cadre du Paris - Alsace (400,6 km). Et même si la cinquantaine approche, la triple lauréate (2019, 2021, 2022) n’a pas le sentiment d’être plus lente qu’auparavant. Au contraire, en enchaînant « les séances d’entraînement et de fractionné, parfois cinq ou six jours par semaine », elle est désormais capable, selon ses propres dires, de « maintenir plus longtemps une vitesse plus importante » que par le passé.
« Quand on est plus âgé, on se connaît mieux »
« Ce n’est pas plus dur maintenant, insiste-t-elle. Quand on est plus âgé, on se connaît mieux. On gère donc mieux son effort, son alimentation et sa préparation. »
L’enseignante en SVT a aussi la chance d’être soutenue par « huit équipiers » (*) , répartis en deux groupes de quatre qui se relaieront toutes les six heures pour la « ravitailler » et la « protéger », sur un parcours qu’elle « connaît par cœur ».
« Il risque de faire un peu chaud, anticipe-t-elle. Ce sera peut-être difficile vendredi, sur l’étape entre Neufchâteau et Épinal, qui sera très vallonnée. Mais ce sera toujours moins monotone que les longues lignes droites qui mènent à Châlons-en-Champagne ou Vitry-le-François. »
Sylvie Maison se laissera ensuite envahir doucement par l’excitation, samedi, à l’heure d’aborder l’ultime portion entre Plainfaing et Colmar. Deux ascensions éprouvantes, vers les cols du Bonhomme et du Calvaire, seront néanmoins encore au programme. Et dans la foulée, les concurrents se coltineront une « descente assez raide en direction d’Orbey et de Kaysersberg ». « Physiquement, c’est presque plus compliqué qu’une montée, notamment au niveau des pieds et des muscles », souffle la Lipsheimoise, qui espère voir « du monde à l’arrivée », place Rapp, pour acclamer les “forçats de la route”.
« Le but est d’organiser une belle épreuve pour donner envie aux gens de continuer ou de se lancer dans l’aventure, positive de son côté Dominique Plée. On va essayer de remotiver les troupes pour qu’on n’en arrive pas à l’extrémité de fermer la boutique. »
(*) Sylvie Marlin, Claudine Anxionnat, Alain Burger, Bruno Cayre, Bernard Eck, Michel Hauswirth, Sylvain Rivière et Jean-Michel Thimonier.
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