Source DNA du 02/06/2024
Paris-Alsace à la marche : Sylvie Maison, à jamais dans l’histoire !
En remportant avec un courage incommensurable et une abnégation hors norme, pour la cinquième fois l’épreuve longue de quelque 452 km, Sylvie Maison (S2A) établit un nouveau record de victoires dans le camp des féminines. Alexandre Forestieri (UST Courir à Saint – Tropez), s’avérant le meilleur chez les hommes.
« Depuis que je suis à la tête de l'épreuve (en 2011, ndlr) , je n’ai jamais connu de telles conditions climatiques, qui étaient par moments dantesques et difficilement supportables pour les athlètes, qui de surcroît devaient affronter deux nuits blanches consécutives », relatait le directeur de l’épreuve, Jean Cécillon, peu avant l’arrivée au Champ de Mars des forçats de la route.
« Cette fois-ci, c’était quand même un peu… compliqué »
Mais malgré tous ces aléas qui se rajoutaient à une préparation tronquée et tardive, Sylvie Maison a su faire front, puisant des ressources insoupçonnées au fond de son corps martyrisé par tant d’efforts en marchant certes très souvent sous l’eau, mais aussi et surtout sur… l’eau, effaçant des tablettes les quatre victoires des athlètes russes, Irina Poutinseva et Tatiana Maslova qui régnaient en maîtresses absolues sur l’épreuve au début du siècle.
Un record, qui n’a guère émue outre mesure l’athlète de Lipsheim sur la ligne d’arrivée. Car comme si souvent, la grande championne a fait preuve d’humilité, égrenant ses paroles, teintées de pondération, avec beaucoup de mesure.
« D’une année sur l’autre on a du mal à se rappeler des conditions climatiques, mais certes cette fois-ci, c’était quand même un peu… compliqué, surtout le lendemain des deux nuits blanches quand une sensation de vertige vous envahit », confie celle qui arpentait pour la douzième fois les 140 communes (!) que comptait cette 75e édition d’une épreuve créée en 1926.
De quoi donner, déjà et à peine arrivée, quelques idées d’avenir à l’enseignante de Villé quand arrivera le moment de fêter dignement le centenaire de l’épreuve que les organisateurs rallongeront à l’occasion pour la faire disputer en “non-stop”. « Oui, je m’y verrais bien, mais alors il sera difficile pour moi d’occulter la prochaine édition, comme c’est encore un peu dans mes intentions. »
Une victoire qu’elle dédie aussi au passage à son fils, Matthias (15 ans) qui a fait partie de la « chevauché fantastique » et qui sur l’aire d’arrivée a retrouvé sa sœur Zoé (7 ans) et son père visiblement très émus.
L’athlète de 50 ans omettait, modestie oblige, de rappeler qu’elle a devancé – une première fois dans les annales de l’épreuve, comme le soulignait le directeur de l'épreuve – le clan masculin vendredi, l’espace de près de deux heures. Si au départ de Neuilly-sur-Seine, mardi, l’épreuve phare “la Mythique” comptait treize participants, ils n’étaient plus que six hommes à l’arrivée en plus de Chloé Raes-Maure, la dauphine de Sylvie Maison.
La deuxième épreuve au programme, “le Cabu”, disputée en sept étapes et longue de quelque 239 km, a vu la victoire de Fabrice Henry (FRIJEP Verdon) et de Muriel Marravi (AFA Feyzin-Vénissieux) devant onze autres concurrents.
Alexandre Forestieri, un personnage atypique
Le vainqueur de “la Mythique”, Alexandre Forestieri (42 ans), informaticien de métier et trailer au long cours, comme le prouvent, entre autres, ses onze participations au “Tor des Géants” (330 km et 24 000m de dénivelé) et ses non moins quatre “Mil’Kil” (1 000 km) a, quant à lui, bien failli ne pas prendre le départ, faute d’accompagnateurs et de véhicule.
« Après mes trois marathons (du Beaujolais, de l’Espoir et des Vins de la Cote Chalonnaise, ndlr) disputés entre novembre et mars, j’ai pris la décision de m’inscrire pour la troisième fois, après 2017 et 2021, à l'épreuve. Mais très vite, j’ai eu beaucoup de mal à réunir l’intendance, pour voir finalement tout rentrer dans l’ordre que lors de la semaine dernière », confiait dans un étonnant état de fraîcheur le lauréat, non sans témoigner d’une légitime satisfaction. « Dès le départ, on savait où on allait… même si les efforts en marche sont bien différents de la course à pied, seule la gestion demeure semblable. »
Une feuille de route longue de quelque 452 km que le vainqueur a su appliquer à la lettre.
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