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Élise Sauer, piste et tribune combinées
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28 Août 2024 - ibal
Élise Sauer, piste et tribune combinées
Source DNA du 28/08/2024
Élise Sauer, piste et tribune combinées

Durant cet été marqué par plusieurs grands événements sportifs, votre journal part à la rencontre de supporters qui vivent leur passion au plus près, dans différentes disciplines. Aujourd’hui Élise Sauer, étudiante en kinésithérapie de Lingolsheim, athlète amateure et depuis trois ans supportrice sans frontières.

Chez les Sauer, le sport est une affaire de famille. Journaliste aux Dernières Nouvelles d’Alsace , Rémy a rencontré Bénédicte, sa future épouse, sur un terrain de basket. Leur fille Élise se souvient avoir assisté, dès l’enfance, aux meetings d’athlétisme et aux Internationaux de tennis de Strasbourg. « Et j’ai toujours suivi les sports à la télé », ajoute la jeune femme, aujourd’hui âgée de 21 ans.

Dans la foulée de sa sœur Coline, de trois ans son aînée, Élise s’est mise à l’athlétisme au collège, abandonnant progressivement l’équitation, son « rêve de petite fille », pour se consacrer au triple saut et au 100 mètres haies, puis à l’heptathlon dans le club de sa commune, l’Ibal (Ill-Bruche Athlétisme Lingolsheim).

Des opportunités à saisir

100 m haies, 200 m, 800 m, hauteur, longueur, poids, javelot : « N’étant excellente dans aucune discipline en particulier, j’apprécie de ne pas avoir à choisir, explique l’étudiante en kinésithérapie. Et avec sept épreuves à préparer, aucune séance d’entraînement n’est identique à une autre. Chacune demande une technique bien spécifique, en plus de l’endurance, du travail de la force… »
Passionnée autant par la pratique que par la contemplation, Élise Sauer a franchi un nouveau palier en entrant dans l’âge adulte. « En première année de médecine, j’ai vu que les championnats d’Europe d’athlétisme 2022 devaient se tenir à Munich, j’ai décidé d’y aller avec une amie athlète. »

En Bavière, elle se souvient d’une soirée « fantastique », d’un stade de 70 000 places plein comme un œuf, d’un public enflammé par quatre victoires allemandes, de la contagion des émotions, frissons et larmes aux yeux. « Je me suis dit tout de suite qu’il fallait remettre ça dès que possible ! »

« Le public encourage tout le monde »


Ce fut donc Budapest l’année suivante, cette fois pour les championnats du monde et avec une amie novice en athlétisme. « Elle a trouvé génial que le public encourage tout le monde, quelle que soit sa nationalité. Comme en plus il n’y a pas beaucoup de médailles françaises en athlé, on se satisfait de la ferveur collective et de la beauté des performances, d’où qu’elles viennent », s’amuse Élise.

En Hongrie, les relayeurs français du 4x400 m avaient tout de même réalisé une très belle course. « C’est mon meilleur souvenir : on est debout, dans l’expectative et l’excitation, on a l’impression de courir avec eux. Les Français disputaient la deuxième place aux Anglais et ont réussi à la conserver. Les supporters anglais nous ont félicitées malgré tout, c’était super ! »

L’Alsacienne a aussi eu la chance de voir le Suédois Armand Duplantis en finale du saut à la perche. « Quand il tente d’établir un énième record du monde, tout le public lui fait un clapping, conscient que ça peut être historique, que ce gars est un extraterrestre. Pour moi, c’est l’athlète actuel le plus impressionnant. Et la perche, c’est une des épreuves que je préfère en tant que spectatrice… »

À chaque fois, cependant, c’est pour les épreuves combinées qu’Élise Sauer réserve ses billets. « Soit deux jours complets de compétition : ça permet de voir plein de choses. C’est l’avantage de l’athlétisme : on ne s’ennuie jamais dans un stade. Quand il n’y a pas une course, il y a des concours. Et quand il n’y a pas de Français à encourager, ça reste sympa. »

Le petit cercle des épreuves combinées

Heureusement, car des défections françaises, Élise Sauer en a déjà connues quelques-unes. Fan de Kevin Mayer, elle ne l’a jamais vu finir un décathlon. « À Munich, il s’est arrêté au bout de 60 mètres sur l’épreuve du 100. À Budapest, il a abandonné à la longueur. Mais il a proposé à ses fans une rencontre le lendemain, on a pu discuter avec lui, prendre des photos, échanger avec d’autres supporters. On devait être une bonne centaine, mine de rien, alors que disséminés dans le stade, on paraît inexistants. »

Élise Sauer décrit les épreuves combinées comme un monde « un peu à part » au sein de l’athlétisme. « On connaît vite les athlètes, même s’ils ne sont pas Français, on suit leurs histoires sur Instagram. Il y a un noyau de supporters – beaucoup d’Allemands et d’Estoniens – qui se déplacent au fil des épreuves. J’ai déjà croisé par deux fois le fan-club de Leo Neugebauer [détenteur du record d’Allemagne de décathlon, NDLR]. »

Les épreuves combinées s’étalent sur deux journées consécutives, Élise et ses amies prévoient toujours du temps pour visiter un peu la ville hôte, mais le séjour ne se prolonge guère. « C’est aussi une question de budget. J’ai la chance de vivre encore chez mes parents, mais je voyage avec d’autres étudiantes, on reste raisonnables pour le transport, l’hébergement… »

Pour vivre ces expériences, Élise Sauer travaille en juillet : après trois années comme animatrice en centre aéré, elle a fait le ménage dans un grand laboratoire pharmaceutique de Lingolsheim le mois dernier. Le 26 juillet, elle regardait donc la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques à la télévision, mais trois jours plus tard, son CDD achevé, elle vivait les JO sur place, en famille.

Les JO, « impossible de ne pas y être »

« Ça faisait des années qu’on y pensait, Coline et moi. Ça nous semblait impossible de ne pas y être. C’était une occasion historique, qui ne se représentera probablement pas de notre vivant. On avait regardé les prix, le calendrier des compétitions. Initialement, on avait prévu d’en voir un peu plus, mais les places se sont avérées très chères. Heureusement, nous avons pu loger chez Coline, qui étudie à Paris. »

Les Sauer ont suivi le rugby féminin à sept – « une belle découverte » – avant, bien sûr, le décathlon, vendredi et samedi au Stade de France. Cette fois, Kevin Mayer avait renoncé dès la veille, pas encore suffisamment remis d’une blessure à une cuisse… « Il restait Makenson Gletty, mais on savait que ce serait compliqué pour une médaille. Le meilleur moment pour les athlètes français a sans doute été la qualification en finale du relais 4 x 400 mètres mixte, avec un record de France à la clé. Pour la première fois, je me suis retrouvée à crier avec beaucoup d’autres supporters français pour des épreuves d’athlétisme ! »

Élise Sauer envisage désormais le « supporterisme » comme une course de fond. « Je pense continuer à aller dans les stades jusqu’à la retraite, et sans doute plus longtemps encore ! » Pour raison budgétaire, elle fait certes une croix sur les deux prochains mondiaux d’athlétisme, qui se tiendront à Pékin puis à Tokyo. Mais les championnats d’Europe devraient rester à sa portée : en 2026, ce sera à Birmingham, au Royaume-Uni.

Lors des prochains JO d’été, à Los Angeles, Élise sera diplômée, mais aura-t-elle les moyens d’y aller ? « Mes prochains Jeux, ce seront plutôt ceux d’hiver, en France en 2030. Encore un rendez-vous à ne pas rater ! »

Stade ou télé ?


« Dans un stade, avec plusieurs milliers de personnes qui vibrent pour la même chose, en même temps, c’est fantastique », souligne Élise Sauer. En athlétisme, plusieurs compétitions peuvent se dérouler simultanément. « On ne peut pas être concentré sur tout : la priorité va souvent aux courses, et s’il y a un concours en même temps, les sportifs se sentent un peu délaissés. On rate donc forcément des choses. Mais on est libre de choisir, contrairement au téléspectateur assis dans son salon, qui dépend de la réalisation de la chaîne. »

Sur le petit écran, ce qui est perdu en émotion est compensé par la précision de l’information. « À la télé, la performance se lit beaucoup plus facilement que dans le stade, où il faut parfois attendre que s’affiche la mesure pour réagir, par exemple lors du concours de saut en longueur. Les commentaires sont souvent intéressants aussi, l’histoire des athlètes, la vulgarisation des disciplines, des techniques… »

L’alternative hexagonale

Avec une amie athlète, Élise Sauer s’est rendue en juin dernier aux championnats de France à Angers, pour une expérience « encore différente ». « Il n’y a pas les stars internationales, mais on a payé seulement 20 euros pour trois jours, c’est familial, les parents expliquent les épreuves aux enfants, les athlètes sont accessibles. On a pu faire des photos avec Gabriel Tual, champion d’Europe du 800 m, avec Sasha Zhoya, sélectionné pour le 110 m haies des JO… Il y a forcément aussi des Alsaciens, on a pu encourager le coureur de demi-fond Baptiste Mischler, qui porte le maillot de Brumath, le Strasbourgeois Anicet Kozar sur le 800 m… Pour certaines épreuves, c’est là que se jouait la qualification pour les JO, il y avait donc de l’enjeu, le stade était plein », résume Élise Sauer, « très agréablement surprise ».

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