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Raid en
Mauritanie :
Pour moi, ça a été la concrétisation d’un rêve.
J’ai pu courir dans le désert en partenariat avec l’association Pierre
Clément (association d’accompagnement de fin de vie).
Ce raid a pris une autre signification pour moi,
qu’un simple raid, car il s’agissait d’un véritable défi pour moi.
Défi sportif (courir 225km dans le désert) et
humain (montrer que l’on peut être un homme de 41 ans qui court un raid de
225km et parallèlement accompagner des gens en fin de vie).
Nous avions rendez-vous le dimanche 24 février à
6h à l’aéroport CDG. Plus que quelques pas me séparaient du terminal. Qu’allait
me réserver ce raid ? Etais-je assez entraîné ? Serais-je capable de tenir cette
distance ?
Nous étions 23 coureurs à nous élancer le lundi
matin sur les pistes mauritaniennes.
La première étape commençait sur un terrain
caillouteux. Imaginez un sol lunaire et vous saurez ce que nous avons connu sur
8km. Le temps de prendre une photo et je me suis retrouvé en dernière position.
Pour moi, il était important de ne pas être dernier. Non par défi sportif, mais
de peur de me perdre. Nous avions -en effet- une signalisation tous les 700-
Sortis de ce cratère, nous retrouvions du sable
(piste et oued) La chaleur augmentait et le pas devenait plus difficile. La
fatigue, le sable, les premiers doutes après 4 heures de course. Que fallait-il
faire ? Continuer à courir (et éventuellement ne pas pouvoir repartir
demain) ou marcher (et après un bon massage repartir le lendemain) ?
J’optais pour la solution la plus sage, et je
décidais de finir les 10 derniers km en marchant.
J’ai terminé la course avec Gilles. Aucun de nous
deux n’avait plus le goût à la parole. Marcher, avancer et finir coûte que
coûte. Les 2 derniers km étaient très longs, car nous marchions dans du sable
mou en longeant la vieille ville de Ouadane et nous n’avions plus qu’une envie :
terminer cette étape.
Enfin, l’auberge apparaissait, quelle délivrance
en passant la ligne d’arrivée.
Résultat : 5h44 : 14ème sur
22 arrivants
Nous commencions cette étape avec le lever du
soleil. Quelles images grandioses que ce lever de soleil dans ce désert ! Oh,
j’en garderai à jamais des images plein la tête, un lever de soleil sur cette
grande étendue de sable fin. Ces couleurs, mes mots ne sont pas suffisants pour
décrire cette majesté.
Nous avons commencé par une longue étendue de
sable fin. Quel plaisir pour moi de courir, libre dans cette immensité. Aucun
frein, aucune retenue, je hurlais ma joie, ma folie d’homme du désert. Le sable
blanc succédait au sable brun sur plusieurs km. Un groupe de chameliers croisa
ma route, sinon, personne à perte de vue. Mais c’est vraiment ce que
j’attendais de ce désert. Je n’aurais pas voulu partager ces heures avec
d’autres coureurs. Non, pour moi, cette expérience devait être vécue seule. Les
km et les heures passaient. Nous entrions dans une grande passe, où oh miracle,
tout était rosâtre, violacé, rougeâtre, comment était-ce possible ?
D’où provenaient toutes ces couleurs … encore un
miracle de beauté ! Les étendues de sable et les dunes se succédaient au
rythme de la course. Quelle belle étape !
Le soleil pointait haut dans ce ciel bleu, il
faisait 35° et je marchais les derniers km, toujours par soucis d’économie en
vue des 135km restants. Oui la moitié du raid approchait et je tenais la route.
Je m’étonnais moi-même car je finissais cette étape en 7h25 (13ème
de l’étape).
Nous partions pour une spéciale courte mais
difficile, car nous avions pour la première fois du vent de face. De plus, nous
courions dans du sable mou. Nous nous enfoncions à chaque pas. La traversée de
ce petit village allait me montrer la pauvreté de
Quel choc pour moi de voir cette pauvreté ! De
quoi vivent ces gens ?
Je courais pour la première fois dans de vraies
dunes, majestueuses et tout en sable fin. De la poudre plutôt. Quel régal, même
si courir dans ces dunes était fatiguant … j’étais en plein rêve.
Nous avons terminé l’étape à Chinguetti sous les
applaudissements des habitants pas peu fiers d’accueillir leur
« marathon ». Oui, les gens vivaient ce raid avec ferveur.
Je finissais 10ème en 2h18 (13ème
au général).
Jeudi 28 février : 41 km : Chinguetti – Zarga
Aujourd’hui, je peux le dire, cela aura été une
étape de rêve. Nous avons commencé par une descente de 150m dans une dune, pour
ensuite continuer par 8km de dunes. Oh, quels souvenirs. Le pas était lourd, à
tout moment je m’enfonçais, mais c’était un tel plaisir ! Je ne ressentais
aucune fatigue, bien au contraire. Plus j’avançais plus je courais sur un
nuage. J’étais dans mon élément. Et jusqu’au dernier ravitaillement je vivais
un vrai conte. Tout était tellement magique, tellement beau, tellement grand.
Après ce ravitaillement, je rentrais dans un oued
(sable très mou). Plus aucune indication, de temps en temps des traces de pas.
Des traces de coureurs ? Je commençais à avoir de gros doutes. Etais-je
perdu ? Je me rappelais les paroles de Cyril « si après
Et là, comme par miracle, surgit un autre coureur.
Lui avait sûrement suivi la piste préconisée. Bon, il restait une dernière
grosse montée de 400m à faire. Mais, je n’en pouvais plus. Fatigue physique,
morale, hypoglycémie. Je montais à quatre pattes dans ce sable fin. Je gagnais
cm par cm, en n’ayant plus qu’une idée en tête : arriver. J’étais ko
debout. Où trouvais-je les ressources pour atteindre le sommet, je ne sais pas.
Encore aujourd’hui je n’en sais rien !
Toute cette peine fut largement récompensée par la
vue qui s’offrait à mes yeux. Il faut imaginer une grande vallée bercée de
couleurs jaunes, roses, rouges violettes et, miracles du désert, ces couleurs
avaient mille et une teintes différentes. Quelle beauté ! Telle la plus belle
des savanes, cette vallée était là comme un cadeau de la vie. Il aurait suffit
de planter sa tente ici pour être l’homme le plus heureux au monde. Beauté,
tranquillité, sérénité, grandeur, majesté.
Il ne me restait plus que la descente à faire, un
pied à droite, un pied à gauche et la pointe de la cime au milieu et ouahhhhh
la descente folle s’annonçait. Chaque pas, chaque glissage m’approchait un peu
plus de l’arrivée.
Je finissais cette belle mais difficile étape en
7ème position en 6h02 (12ème au général).
Pour moi, cela a été l’étape la plus
difficile. Après avoir connu 4 étapes de
désert de sable (ce dont je rêvais), nous finissions dans un désert de
cailloux.
Quelle différence à mes yeux entre la beauté, la
douceur du sable, et le coté dur, sombre de ces pierres. Je n’arrivais pas à
comprendre que le désert ne puisse pas être que du sable. J’avais énormément de
mal à avancer. Il faisait chaud, alors que jusqu’à présent le soleil avait été un vrai ami, ici, je trouvais qu’il
cognait comme jamais. Réalité ou imagination ? En tout cas, je marchais
après la moitié de l’étape. Le temps défilait au ralenti. Tout n’était que
souffrance et combat. Heureusement, j’avais assez de ressources physiques et
mentales pour terminer cette étape.
Il ne restait plus qu’une petite étape.
Malheureusement aussi la dernière. Ce qui
signifiait que ce beau rêve était vraiment entrain de se terminer.
Je terminais en 12ème en 5h52 (11ème
au général).
La dernière étape déjà. Que ces journées avaient
passé rapidement !
Nous nous élancions en ordre inverse du
classement. Je partais dans le deuxième groupe et après une demi-heure, les
mauritaniens me dépassaient déjà.
J’étais sur une autre planète, fou de ce désert,
de cette beauté, de cette chaleur.
L’étape se déroulait tantôt sur du sable, tantôt
sur de la pierre. Mais, le meilleur nous était réservé pour les derniers
mètres. Imaginez courir entre deux parois rocheuses noires. La vigilance
s’imposait. Tout d’un coup, il fallait descendre dans une sorte de trou entre 2
rochers. Et là, oh miracle, nous nous retrouvions dans une palmeraie, à l’ombre
dans un endroit où coulait tranquillement un petit ruisseau. La température
agréable me faisait comparer cet endroit à un havre de paix, une sorte de
paradis sur terre. En l’espace de quelques mètres, nous avions changé une fois
de plus de planète. J’étais applaudi par certains autres concurrents et des
touristes. Oui, le raid approchait de plus en plus de sa fin. Comment faire
pour retenir ces mètres, ces secondes qui me séparaient de l’arrivée et de la
fin de ce raid ?
Je franchissais la ligne d’arrivée en vainqueur.
Oui, en grand vainqueur. Je tombais dans les bras de Cyril. Je finissais à la
11ème place au général.
Quelle victoire sur moi-même, sur mes doutes, mes
angoisses, mes peurs.
J’avais travaillé pendant 8 mois sur ce projet et
j’avais réussi à terminer le raid !!!
Quel Bonheur immense ! Les personnes qui m’avaient
accompagné dans les bons et les mauvais moments étaient toutes présentes à ce
moment la. Tous ces gens que j’aime, que j’ai aimé et qui m’ont fait avancer
physiquement et mentalement.
Victoire sportive, victoire humaine !!!
Ce raid a pris fin après 225km.
Que vais-je en garder ?
J’ai aujourd’hui encore plein d’images en tête.
J’en frissonne encore quand j’y pense, quand je regarde mes photos. Chaque
image représente quelque chose pour moi. Bonheur, Joie, Grandeur, mais aussi
Souffrance, Peine, Doutes, Peurs, Angoisses.
J’ai beaucoup appris durant toutes ces heures sur
l’humain, sur moi-même.
J’ai été subjugué par tant de beauté (sans que
l’homme n’intervienne).
Ce désert m’a nourri, ressourcé.
Je suis –néanmoins- aujourd’hui dans un monde
totalement opposé de ce que j’ai vu et pu vivre en Mauritanie, où la pauvreté
côtoie la misère.
Et dire que nous osons nous plaindre, nous qui
nous levons tous les jours et pouvons prendre une douche chaude, un bon petit
déjeuner après avoir dormi dans un bon lit. Nous sommes toujours en train de
nous fixer de nouveaux objectifs sans savoir apprécier ce que nous avons
déjà ! Je ne parle même pas de toutes ces contraintes matérielles que nous
nous fixons pour soi-disant être heureux !
Cette expérience intérieure et extérieure restera
gravée à jamais au plus profond de mon Etre.
Je souhaite remercier toutes ces personnes qui ont
participé directement ou indirectement à mon projet, toutes ces personnes qui
m’ont permis d’avancer avant la course et pendant ce raid, dans les moments de
Joie et de Bonheur, mais aussi dans les moments de grande Souffrance.
Merci à vous.
jm
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